L’artiste française à la chevelure flamboyantesera de passage au Caprices Festival pour présenter son premier album, «France». Entretien.
Isabelle Guignet
Il aura fallu plusieurs années à Owlle, depuis son prix Inrocks Lab en 2011, pour sortir son premier album. France, de son vrai nom, avait besoin de temps. De temps pour se trouver, se définir musicalement. «J’ai très vite été mise sous la lumière avec mon premier titre. Les gens ont tout de suite attendu de moi quelque chose d’avancé, de mûr, alors que je n’étais pas prête. J’ai décidé de ne pas me précipiter, notamment pour soigner mon image.» Le résultat: un album sensuel et magnétique. Tout comme l’artiste. Sa musique, Owlle la décrit comme étant de la dream pop. «Une musique à la fois mélancolique et dansante», explique-t-elle. L’électro pop, c’est une catégorie fourre-tout qui ne définit plus réellement ce qui s’y trouve, estime l’artiste à la voix cristalline.
Et sa voix, c’est la colonne vertébrale de sa musique, justement. «Je compose uniquement quand l’envie est là. Il y a d’abord du visuel. Puis la rythmique s’installe et la voix clôt le tout en donnant vie à la chanson. Elle est le fil conducteur.» Son premier EP, Ticky Ticky, a rapidement fait le tour du monde. Au point qu’un soir de Noël, Owlle reçoit l’appel de Dave Gahan, chanteur du groupe Depeche Mode, qui lui demande de remixer Heaven. Il finira par avouer qu’Owlle avait amené la touche féminine qui manquait au titre. Sacré compliment!
Le visuel pour ne pas être nue. Avant de débarquer à Paris pour des études aux Beaux-Arts, Owlle a obtenu un diplôme de scénographie à Cannes, sa ville natale. Ce côté artistique touche-à-tout ne l’a jamais abandonnée. «Le visuel est vital pour moi. Sans ça, je suis comme nue. Il me rassure, me nourrit et définit mon univers», avoue avec sincérité la musicienne. Commençant par un look atypique et assumé qu’elle s’est façonné, des scénographies troublantes et maintenant des clips vidéo percutants, Owlle sait donner du relief à sa musique.
«Un titre doit être gorgé de sincérité. Qu’il soit épuré ou chargé, lent ou dynamique, avec ou sans texte, qu’importe; il doit raconter quelque chose de profond et de sincère», répond-t-elle lorsqu’on lui demande quels sont les ingrédients indispensables pour un bon titre.
Owlle puise son inspiration dans ses diverses influences musicales, esthétiques et artistiques. Brian Eno serait l’artiste qui a le plus influencé sa musique, si elle ne devait en choisir qu’un. Mais il y a aussi David Bowie, Madonna, Portishead, Alexander McQueen ou encore David Lynch. Sans oublier l’art contemporain.
Etrange, imprononçable pour certains, son nom de scène suscite des questions. «C’est un mix entre “owl”, la chouette en anglais, et le féminin “elle”. Ensemble, ces deux mots me définissent», explique France, amusée par cette question qui revient sans cesse.
Fascinée depuis son enfance par le hibou, son côté esthétique, mystique pour les Egyptiens, la chanteuse s’identifie en tant qu’être de la nuit, moment qu’elle privilégie pour l’écriture et la composition. C’est pourtant de jour que le public suisse pourra la découvrir au Caprices Festival.
«France», de Owlle. CD sorti le 20 janvier 2014.
Owlle sera en concert au Caprices Festival le 12 avril à 20 h, à l’Après-Ski.