Il est peut-être l’artiste le plus subtil du pays, le plus malicieux, Markus Raetz déroute à l’aide de quelques lignes qui suggèrent Marilyn, un visage, un mot, des sujets qui se transforment selon le point de vue qu’adopte l’observateur. A surprendre, l’artiste bernois rend heureux, il n’y avait qu’à regarder la foule au Musée des beaux-arts de Berne lors de son vernissage: jamais vu autant de visages s’éclairer de sourires devant un accrochage. Tout autre semble Alexander Tschäppät, le maire le plus populaire du pays, celui qui ne se cache jamais derrière la langue de bois et laisse parfois échapper une plaisanterie de mauvais goût. Sous ses airs rustauds, il cache pourtant une délicatesse, celle de savoir parler aux gens, les prendre par la main et leur raconter une œuvre d’art comme une histoire avec des mots que tout le monde comprend. A Markus Raetz et face au public ce soir de vernissage, il dit: «Tu m’as fait redécouvrir l’étonnement, déchiffrer le familier… Pour te comprendre, je n’ai pas besoin d’historien de l’art… Je n’ai besoin que d’être prêt à voir qu’il n’y a pas une seule manière de regarder le monde… Tout dépend d’où je suis et où je vais… Avec tes œuvres, tu es près des gens…» Lui aussi, Alex Tschäppät, il est près des gens. Il leur donne envie de retrouver leur capacité d’émerveillement. Un bel acte de démocrate. Peut-être devrait-il parler hors du musée, histoire d’y attirer ceux qui s’y sentent largués.
Jeudi, 6 Février, 2014 - 05:54
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