D’«agressivité» à «Max Weber», les notions clés et les grands acteurs des sciences sociales réunis dans un ouvrage souverainement diagonal.
Vulgarisation. La «gentrification» des banlieues ou la «société liquide», vous voyez ce que c’est, mais pas tout à fait quand même? Les allusions à la théorie du «possibilisme» vous laissent rougissant d’ignorance? Pis, votre futur beau-père vous invite à «relire» Malaise dans la civilisation alors que vous ne l’avez jamais effleuré?
Le formidable Dictionnaire des sciences sociales est désormais votre ami: assez complet pour assouvir votre curiosité, assez petit, même en version papier, pour vous accompagner dans les soirées pour une consultation catastrophe en catimini.
Le directeur de publication, Jean-François Dortier, est un fervent du «regard large». Dans un geste souverainement diagonal, il mêle histoire et anthropologie, économie et science politique, psychologie et sociologie pour dresser un panorama des concepts anciens et nouveaux, complété par un dictionnaire des (grands) noms propres. La démarche est un brin gonflée, surtout quand on veut rester accessible et attrayant. Jean-François Dortier réussit ce pari, et son secret est peut-être dans son curriculum non académique: sociologue bourguignon jamais monté à Paris, il a été orientateur professionnel avant de (co)fonder, en 1988, l’excellent magazine de vulgarisation Sciences humaines, puis Le cercle psy. Sans doute faut-il être un peu journaliste pour oser des textes structurés autour de questions toutes bêtes, du type: «La xénophobie est-elle universelle?» «Qu’est-ce qu’un mythe?» ou «Pourquoi les sociétés se déchirent-elles?»
«Le dictionnaire des sciences sociales», sous la direction de Jean-François Dortier, Ed. Sciences humaines, 459 p.