Ceux qui estiment qu’un film doit bousculer le spectateur, le déstabiliser pour mieux l’inciter à réfléchir, feraient bien de se plonger dans l’univers de l’Autrichien Ulrich Seidl qui, à l’instar de son compatriote Michael Haneke, n’est pas un joyeux luron. Présentée à Cannes, Venise et Berlin, sa trilogie du paradis est dérangeante.
Sorti très discrètement il y a trois ans, Paradies: Liebe, première pierre de cet édifice (suivent Paradies: Glaube et Paradies: Hoffnung, dont les récits sont synchrones), est, pour deux séances, à l’affiche de la Fête du slip, à Lausanne. On y suit Teresa, quinquagénaire qui va passer l’essentiel de ses vacances kényanes à folâtrer avec de beaux mâles ravis de pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles en échange de quelques câlins. Si ce n’est qu’elle croit – au départ du moins – véritablement à l’amour.
Seidl aime travailler à partir d’une approche documentaire laissant beaucoup de place à l’improvisation, tout en soignant ses plans jusqu’aux limites du maniérisme parfois. On pourrait facilement rejeter son cinéma, le taxer de voyeurisme. Mais ce serait refuser de devoir se questionner sur des thématiques essentielles, comme ici le tourisme sexuel.
La Fête du slip, Lausanne. Du 4 au 6 mars.
Projection de «Paradies: Liebe» le 5 à 17 h et le 6 à 15 h (Ciné-Humus). www.lafeteduslip.ch