Donizetti a l’humour caustique, l’observation futée, le goût de la formule ainsi que l’esprit rapide, jovial et aimant, pour le public comme pour les interprètes dont il attend le plaisir de la perfection vocale. On peut décortiquer avec brio ses opéras-comiques (comme ceux d’Offenbach) pour les actualiser sans les désenchanter, on peut les acidifier avec une délicate pertinence. C’est le parti pris qui prévaut dans cette production lausannoise confiée à Vincent Vittoz.
Le metteur en scène français et le créateur Dominique Burté offraient en 2013 une épatante Viva la mamma, du même Donizetti, à Fribourg et à Lausanne. L’humour était au rendez-vous, précis, efficace et sans caricature populiste, tout comme la connaissance, vécue de l’intérieur, de l’art vocal et de l’équilibre subtil et interactif entre théâtre et chant.
Pour La fille du régiment, à l’affiche 2016, Vincent Vittoz convoque les «gueules cassées» de 14-18 suivies de leur cortège de blessures et d’évasion fantasmée. Il convoque surtout des chanteurs aguerris aux acrobaties bel cantistes. Entourée de Frédéric Antoun, Anna Steiger ou le truculent Alexandre Diakoff, la soprano française Julie Fuchs est Marie, sorte de Gilberte de Courgenay napoléonienne… qu’on attend impériale.
Lausanne, Opéra. Cinq représentations. Du ve 11 au di 20 mars.www.opera-lausanne.ch