Le photographe Valaisan Claude Dussez capture les créateurs helvètes en noir et blanc depuis 2009. Glénat publie son travail dans un beau volume.
Photographie. Caricaturiste en son temps (pour L’Hebdo), peintre abstrait, le Valaisan Claude Dussez a acheté son premier appareil photo sur le tard, en 2009. Il s’agissait de documenter les coulisses du film d’animation de son ami Zep. Le photographe improvisé apprend sur le tas, suit son instinct, et commence à collectionner les artistes suisses. Il enchaîne sculpteurs, cinéastes, écrivains, acteurs… Il aime les voir travailler, se faire oublier d’eux, saisir quelque chose de «vrai». Il se déplace sans éclairage, ne retouche pas ses photos. Aucun lissage par Photoshop. Il nous amène au plus près des peaux, de l’humain: poils, texture, pores. Plus près de l’émotion. Claude-Inga Barbey, dans sa loge, couvre son visage de maquillage, comme de la suie. Ben passe trois heures avec lui, après un accueil glacial: «De toute manière, vos photos, je m’en fous. Vous avez quinze minutes.» Giger arrête enfin de poser et se laisse capturer au naturel. Bastian Baker boit de l’eau minérale, absorbé dans ses pensées. Moments suspendus. «Je serais un mauvais paparazzi. Je ne prends que ce que l’on me donne.» Claude Dussez a choisi 153 de ces portraits pour les publier en volume chez Glénat (il les expose aussi à la Médiathèque du Valais jusqu’au 16 mars 2014). Artistes CH, riche de 304 pages, ne se prétend pas exhaustif. Il entend montrer la diversité des créateurs d’ici. «En Suisse, on a honte du mot “artiste”, on n’ose pas être fier. On a tort.» Bien des noms manquent à l’appel, et le photographe d’imaginer une seconde livraison dans cinq ou dix ans...
