Aplomb. Depuis l’Exposition nationale de 1896, beaucoup d’images aériennes ont été prises de Genève et du canton. Par curiosité ou nécessité, de la carte postale à l’orthophotographie savante, mais néanmoins spectaculaire.
André Klopmann rapporte l’anecdote dans son dernier livre Genève d’antan, belle évocation de la ville et du canton par la carte postale ancienne (Ed. HC). Le capitaine du ballon captif qui, pendant l’Exposition nationale de 1896, emmenait ses passagers à 400 mètres au-dessus de la cité s’appelait Léon Lair. Un nom parfait pour la fonction, ainsi que pour une ville qui n’a elle-même jamais manqué d’air, dans tous les sens de l’expression. Y compris pour aller mesurer le Mont-Blanc (de Saussure) ou élever l’esprit, que cela soit par la religion, la philosophie, la science, l’industrie ou la technique. A l’horizontalité d’un territoire cantonal correspond la verticalité d’une pensée, avec bien sûr de multiples exceptions, politiques notamment.
Ce goût de la hauteur s’illustre par l’audacieux ballon de l’Exposition nationale. Il a permis à 30 000 personnes de découvrir un nouvel angle de vision, symbole d’une époque enivrée de technique, de nouveauté, de conquête des airs, et pas seulement grâce au bien nommé capitaine de l’aérostat. Cette curiosité pour la vue d’en haut est également présente dans les collections du Centre d’iconographie genevoise (CIG). Elles s’étagent des aquarelles «à vol d’oiseau» d’Alfred Guesdon vers 1860 jusqu’aux années 80 avec le fonds de la spécialiste de la vue aérienne Gertrude Trepper. En n’oubliant pas un autre patrimoine précieux: les cartes postales des vues aériennes des Editions Jaeger, prises au milieu du siècle dernier.
Ce goût pour l’aplomb (là aussi dans toutes les acceptations du terme) s’incarne également dans le nouveau site internet et l’application du SITG, le Système d’information du territoire à Genève. Entre autres innovations, ce site permet de comparer l’avant de l’après d’un territoire en déplaçant un simple curseur. Ou de découvrir sa banque d’images aériennes prises depuis 1932, avec une résolution entre 0,25 cm et 1,25 m (les photos les plus anciennes ne sont pas les plus mauvaises). C’est à ce voyage vertical que vous convie ce cahier illustré. Il permet de prendre la mesure des changements urbanistiques survenus pendant un bon siècle. Mais aussi de l’immutabilité d’une ville ancienne, d’une géographie et d’un paysage qui méritent bien mieux qu’une autre expression imagée: «la ville du bout du lac».
Voir les sites:
www.ville-ge.ch/musinfo/bd/bge/cig
www.sitg.ch
Nos remerciements vont au Centre d’iconographie genevoise et son conservateur Nicolas Schätti. Ainsi qu’à Andréas Stussi, ingénieur au Service des systèmes d’information et de géomatique du SITG.