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Genève: l’Opéra des Nations, une réussite éphémère

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Jeudi, 25 Février, 2016 - 05:56

Julian Sykes

Zoom. Inaugurer une nouvelle salle est toujours un événe-ment: l’acoustique peut être une réussite comme un ratage. A Genève, les premières réactions sont très favorables.

A l’extérieur, un froid glacial; à l’intérieur, des nappes d’air chaud comme sous les tropiques. C’était le soir de l’inauguration de l’Opéra des Nations. Le foyer a bien vite été pris d’assaut par les premiers spectateurs venus découvrir la nouvelle salle aux abords de la place des Nations. Au menu: Alcina, de Händel. Là où l’on pouvait craindre un espace de repli sans âme, purement utilitaire, le public a découvert une salle à l’acoustique chaleureuse et naturelle.

Edifié dans le temps record de onze mois, destiné à remplacer le Grand Théâtre de Genève fermé pour deux ans de travaux, l’Opéra des Nations est un succès. D’abord parce qu’on s’y sent bien. A peine entré dans la salle, on ressent une proximité avec la scène. Les sièges sont confortables et on a une bonne visibilité de partout. Certes, mieux vaut ne pas être installé dans les trois premiers rangs, trop proches des artistes, mais le reste de la salle est satisfaisant.

Les musiciens eux-mêmes le disent. «Le lieu était vraiment une bonne surprise, explique François Guye, violoncelle solo à l’OSR. On pouvait s’attendre à une formule un peu bricolée, parce que ce bâtiment n’était pas prévu pour la musique à l’origine, mais pour la voix et les textes parlés.» François Guye fait allusion au Théâtre éphémère de la Comédie-Française, soit l’édifice de base reconverti en salle d’opéra. «J’ai tout de suite senti une grande clarté dans la salle, s’exclame le chef argentin Leonardo García Alarcón. Ici, il n’y a pas besoin de forcer le geste théâtral. Même un luth, on l’entend partout.»

Et pourtant le défi était énorme. Bien des scénarios ont été envisagés avant de parvenir à cette solution inattendue. Le Bâtiment des Forces motrices (BFM) semblait la réponse toute faite. Mais, comme le souligne Claus Hässig, secrétaire général de la fondation du Grand Théâtre, louer la salle quelque 200 jours par an – «avec 100 levers de rideau!» – pendant deux saisons et demie s’est révélé impossible. C’est alors que le Théâtre éphémère de la Comédie-Française est arrivé sur la table des négociations. Avec ses modules de bois préfabriqués, cet édifice pouvait être redimensionné afin d’y aménager une fosse d’opéra et d’augmenter sa jauge, pour passer de 750 à 1118 places.

Un aspect de chalet de montagne

Dès le mois de février 2015, le chantier est ouvert. Trois cent septante pieux de bois (de l’épicéa provenant de forêts genevoises) sont plantés dans le sol afin de servir de socle pour amarrer la structure en bois. Les éléments existants, livrés en pièces détachées de Paris, sont remodelés par l’architecte Mathias Buchi. L’espace scénique est agrandi et la fosse d’orchestre installée pour 70 musiciens. Un chantier mené tambour battant, se chiffrant à 11,25 millions de francs couverts par des fonds privés.

Une chose est sûre: le nouvel édifice sonne avec plus de chaleur que le BFM. Le bois lui prête un aspect de «chalet de montagne». Le foyer, vers l’entrée, reste un peu exigu et les lieux d’aisance mériteraient d’être garnis, car la file d’attente – pour ces dames surtout… – est longue à l’entracte. Mais, pour un opéra baroque, les conditions sont excellentes. Leonardo García Alarcón a demandé que la fosse d’orchestre soit surélevée d’un mètre pour Alcina, de sorte à établir un contact entre musiciens et chanteurs sur scène.

Le violoncelliste François Guye apprécie de ne pas «être enterré à six mètres de profondeur» et se dit déjà qu’il «va être dommage de devoir se séparer de cette salle» dans deux ans et demi. Il se verrait bien y faire de la musique de chambre. Reste le vrai test: Falstaff, de Verdi. Que donnera l’Opéra des Nations avec un effectif orchestral plus fourni? L’équilibre des voix sera-t-il préservé? Réponses en juin. 

«Alcina». Opéra des Nations, Genève. Jusqu’au 29 février. www.geneveopera.ch

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