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Cinéma: «Spotlight», éloge des journalistes justiciers

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Jeudi, 18 Février, 2016 - 05:58

Critique. Tom McCarthy retrace l’enquête menée par un groupe de journalistes du «Boston Globe», qui révéla en 2001 un vaste réseau pédophile dans l’Eglise. Efficace mais trop classique.

Nous sommes en 2001, le quotidien Boston Globe est pourvu d’un nouveau rédacteur en chef, Martin Baron, venu redresser un titre à la traîne. Ce dernier attribue à une cellule secrète baptisée Spotlight une enquête épineuse sur la pédophilie dans l’Eglise. Un vaste réseau de prêtres, couverts par leur hiérarchie, sera mis au jour. Le Boston Globe, après des mois d’enquête, tient le scoop de son histoire. Le travail de Spotlight sera récompensé par le prix Pulitzer en 2003 et entraînera des changements dans l’épiscopat.

Un film élève aujourd’hui sa statue à Spotlight. Trépidant, il replace ‒ ne boudons pas notre plaisir ‒ le journaliste dans la position du héros, représentant d’un contre-pouvoir nécessaire et noble. Les acteurs (Mark Ruffalo en enquêteur chevronné, Michael Keaton en meneur de Spotlight, etc.) sont excellents et reprennent, dans un souci illusionniste, jusqu’aux tics de leurs modèles, mais avec sobriété.

Nous sommes dans un film classique et rétro, à la fois dans sa construction et dans son ambiance soignée (avec ces cigarettes omniprésentes et ces ordinateurs volumineux et préhistoriques). 2001 paraît si loin, tout d’un coup, déjà vieilli. Spotlight entraîne un vertige temporel, témoignant d’un monde qui devenait de plus en plus influencé par l’internet et qui basculera après le 11 septembre – les attentats viennent d’ailleurs retarder la publication de l’enquête.

Rédacteur en chef élégant et solitaire, Marty Baron (Liev Schreiber) est le personnage le plus intéressant, car il demeure secret. Son mutisme, sa sensibilité à fleur de peau permettent au spectateur de faire enfin travailler son imagination. Les autres n’ont guère d’épaisseur, ils sont dévoués, émotionnellement très investis dans le travail mais manquent de pâte humaine. Ce sont des images. Tout est lisible dans Spotlight. Elégant, édifiant, le film manque de personnalité. Comme le serait une statue officielle, élevée sur une place publique. A propos, on le donne grand favori pour les oscars. 

«Spotlight». De Tom McCarthy. Avec Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel Adams, Liev Schreiber. Etats-Unis. 2 h 08. Sortie le 24 février.

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