Ses aquarelles n’inspirent aux critiques d’art qu’un silence poli. Mais elles font un tabac auprès du public. Depuis qu’il a commencé à les vendre en 1997 – sous forme de copies lithographiques en série limitée –, l’héritier au trône britannique a encaissé près de 9 millions de francs suisses, dûment reversés à sa fondation caritative. Cela fait de lui «un des artistes britanniques vivants les plus populaires», selon le Daily Telegraph, qui révèle ces chiffres.
Le prince – est-ce le secret de son succès?– ignore superbement les révolutions traversées par la peinture au XXe siècle. Il s’en tient, comme son maître Edward Seago, à une figuration de bon aloi, à la tradition des gentlemen aquarellistes britanniques. Il peint «en plein air et finit souvent une œuvre en une séance», précise le service de presse de Clarence House. Il ne vend jamais ses originaux.
C’est la galeriste londonienne Anna Hunter, de la Belgravia Gallery, qui a approché Charles et lui a suggéré d’exposer des lithographies tirées de ses aquarelles. Le succès fut immédiat: 6 millions de francs de recettes.
Ajoutez à cela les ventes régulières encaissées par le magasin de Highgrove House, la résidence familiale britannique dans le Gloucestershire. Elles ont rapporté jusqu’ici 3 millions de francs, a fait savoir le secrétariat du prince. A Highgrove, la lithographie est vendue 3600 francs. Mais la cote de Charles grimpe: une pièce de sa dernière série, cuvée 2014, a atteint 300 000 francs sur le marché de l’art.
Ce n’est pas, bien entendu, cette basse arithmétique qui motive le royal artiste: «Nous quittons notre enveloppe charnelle, mais ces choses-là nous survivent.»

