Un film, qu’il soit d’auteur ou de divertissement, dit quelque chose du monde. Qu’il reflète les préoccupations de son réalisateur ou de son contexte de production, un film est toujours, d’une manière ou d’une autre, en prise avec le réel. Parfois, il l’est un peu plus. Ainsi, Nicolas Boukhrief a réalisé Made in France, dont le pitch, comme on dit, est le suivant: «Sam, journaliste indépendant, profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il se rapproche d’un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule djihadiste et de semer le chaos au cœur de Paris.»
Ce film devait sortir la semaine dernière. Logiquement, il a été déprogrammé. «Je considère que les événements ne laissaient plus de place dans l’immédiat à une fiction de ce type, aussi juste soit-elle», a déclaré Nicolas Boukhrief, en soulignant que le cinéma n’est pas «un reflet immédiat de la réalité», mais qu’«il peut proposer une synthèse du monde qui nous entoure».
Autre film en lien avec le djihadisme, mais de manière plus souterraine, Les cowboys a, quant à lui, été maintenu (lire en page 69). «Que veut dire déprogrammer? Cela veut dire que c’est Daech qui va décider du calendrier des sorties cinéma en France? Je crois que c’est un pouvoir qu’on ne peut pas leur laisser», a, de son côté, déclaré son réalisateur, Thomas Bidegain.