Electrorock’n’roll Trent Reznor était au cinéma. Le voilà de retour avec son meilleur disque depuis des lustres.
«Je vous ai dit au revoir, j’ai essayé autre chose, je suis revenu hanté», constate Trent Reznor dans Came Back Haunted, l’un des morceaux épiques de son nouveau disque. En effet. Le démiurge de Nine Inch Nails, groupe dont il est le seul membre permanent, avait largué les amarres en 2009, esquinté une fois de plus par des mois de tournée. Reznor en avait profité pour se marier, avoir deux enfants et signer des bandes originales de films, dont celle de The Social Network, de David Fincher, qui lui a valu un oscar. Ce n’était qu’une pause dans un parcours amorcé à la fin des années 80. Un chemin chaotique marqué par un insurpassable sommet de rock abyssal, The Downward Spiral (1994), et son chef-d’œuvre, Hurt. Vingt ans plus tard, à 48 ans, Trent Reznor se hisse presque au niveau de sa «Spirale descendante» avec Hesitation Marks. C’est-à-dire les marques que s’infligent les candidats au suicide.
Le registre noir, autodestructeur et anxieux de l’animal est toujours d’actualité. Mais le mélange d’industriel, d’électronique, de metal et de pop de Nine Inch Nails s’est apaisé. Moins de hurlements féroces, plus d’équilibre, de maturité, de formats divers qui vont de la prière somptueuse (Find My Way) à la perle pop-rock (Everything) en n’oubliant pas les déflagrations hypnotiques qui sont la marque de «NIN». Et, comme notre Américain intranquille aime l’inattendu, il s’est entouré ici – brièvement, certes – d’Adrian Belew (David Bowie, King Crimson) et de Lindsey Buckingham (Fleetwood Mac). Fort!
«Hesitation Marks», Nine Inch Nails, Columbia.