Photographie. C’est un indice révélateur. L’affiche de l’exposition «Life’s a Beach, Evian sous l’œil de Martin Parr» montre un cygne et des baigneurs lacustres. Une photo prise dans la ville thermale? Du tout: elle date de 1999 et a été saisie sur une plage du lac de Garde. C’est dire si l’immersion, en juillet dernier, du grand photographe britannique au bord du Léman n’a pas donné les résultats escomptés. Etre contraint de faire passer l’eau transalpine pour l’eau d’Evian en dit long sur l’intérêt de la série d’images présentée au Palais Lumière. Peut-être atteint d’une subite crise de molle du lac, Martin Parr est ici en dessous de sa ligne de flottaison. Les couleurs saturées, les peaux ridées, le ton caustique sur l’industrie du loisir sont toujours au rendez-vous, mais l’inspiration et l’humour manquent à cette virée lémanique qui tourne à l’opération promotionnelle pour Evian.
Heureusement, les images lémaniques ne sont qu’une section d’une large rétro-spective des meilleurs coups de flash de Martin Parr sur les plages du monde entier. A l’exception des baignades chinoises ou japonaises (dans un centre balnéaire artificiel), ces rivages se ressemblent tous avec leurs corps à l’abandon, leur nourriture phosphorescente d’additifs, leurs tenues bigarrées. Au fond, Martin Parr rend d’abord hommage, dans cette célèbre série faussement documentaire, à la photographie elle-même. Une affaire de supports sensibles au rayonnement solaire, les épidermes devant l’objectif, la pellicule ou le capteur dans le boîtier.
«Evian sous l’œil de Martin Parr». Palais Lumière, Evian. Jusqu’au 10 janvier 2016.
