Huit siècles séparent les poèmes d’Homère (Illiade et Odyssée) de leur réappropriation par Virgile, en latin, dans son Enéide. Un même souffle épique, une même concentration de personnages et de situations – de la passion amoureuse à la rage guerrière, du statut d’humain à celui de jouet et monnaie d’échange entre les mains des dieux.
Hector Berlioz a été nourri dès l’enfance de ces vers qui, entremêlant tant de composantes passionnelles, ont «enflammé son imagination ». Le compositeur de la Fantaisie fantastique, visionnaire, délirante et somptueusement construite, a succombé après bien des doutes à son projet de donner une vie musicale et scénique à la destruction de Troie et la conception de Rome. Les deux parties des Troyens ont chacune leur figure féminine forte: Cassandre tout d’abord, tentant en vain de dissuader les Troyens de faire entrer le cheval «haut comme une montagne» à l’intérieur des murs de leur ville assiégée. Puis Didon, grande amoureuse, tentant de retenir Enée sur le chemin du Latium et, désespérée, se donnant la mort.
Pour interpréter cette fresque gigantesque en deux parties, Genève propose rien de moins qu’un géant, lui aussi, du souffle épique et grand connaisseur du grandiose propre à Berlioz: Charles Dutoit dirige le Royal Philharmonic de Londres et des solistes de haut vol.
Genève. Grand Théâtre. Je 15 et sa 17 ou lu 19 et je 22, 19 h 30. www.geneveopera.ch