Rencontre. La comédienne espagnole joue dans «La vanité», le nouveau long métrage du Vaudois, dont elle apprécie le charme.
«Il pleut, c’est génial. C’est pour cela que les arbres et les fleurs sont comme ça, c’est un cadeau.» Après des jours et des nuits de canicule, il pleut enfin sur Locarno ce matin d’août. Le festival touche à sa fin mais est illuminé par la présence de Carmen Maura. La solaire Espagnole aime la pluie, et surtout le réalisateur pour lequel elle a exceptionnellement accepté de quitter un tournage dans les Asturies. Vue sept fois chez Pedro Almodóvar, elle ne tarit pas d’éloges sur Lionel Baier et son sixième long métrage de fiction, La vanité. A tel point qu’elle n’a pas hésité à faire le déplacement du Tessin, malgré un long voyage, pour deux jours seulement de présence.
En mai dernier, elle était également à Cannes, où le film était présenté en marge du festival officiel par l’Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). Et dans une semaine, elle sera à Lausanne pour une avant-première de prestige à la Cinémathèque suisse. Ce matin-là, à Locarno, Carmen Maura tient donc d’emblée à dire à quel point sa rencontre avec Lionel Baier fut une bénédiction: «Il a commencé par m’envoyer un script et ses précédents films. J’ai beaucoup aimé Les grandes ondes et le travail qu’il a fait avec les comédiens, mais là je trouvais le thème du suicide assisté un peu risqué. C’est alors que j’ai regardé une interview dans un making of, et je l’ai vu avec sa cravate en train de dire des trucs compliqués… Je me suis dit: «Ça y est, il s’agit encore d’un de ces Français intellos…» Je n’aime pas les metteurs en scène qui me parlent trop, je m’ennuie si on me raconte trop d’histoires. J’aime qu’on me dise: «Mets-toi là, fais ça.» Il m’a alors téléphoné pour me dire qu’il allait venir me voir à Madrid. Tu le connais, Lionel? Tu sais alors qu’il a beaucoup de charme. Après un quart d’heure, j’ai accepté de travailler avec lui. Même s’il est très intelligent et cultivé, c’est un garçon normal à côté duquel tu ne te sens jamais inférieur.»
Lapp le menteur
Volubile et généreuse, Carmen Maura tutoie, pose beaucoup de questions tout en se lançant dans un monologue quasi ininterrompu. Dans un même souffle, elle évoque le tournage de La vanité – film sur lequel on reviendra lors de sa sortie – dans les locaux de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, où elle a bénéficié d’un petit appartement très confortable, et le beau trio qu’elle a formé avec le jeune Ivan Georgiev, venu des arts circassiens, et cet homme de théâtre et de radio qu’est Patrick Lapp. «Tu le connais aussi, Patrick? J’ai beaucoup ri avec lui. C’est un menteur professionnel… Je me réjouis de revoir toute l’équipe à Lausanne. Ma chienne aussi, d’ailleurs. Elle a beaucoup aimé le tournage.»
«La vanité». De Lionel Baier. Avec Carmen Maura, Patrick Lapp et Ivan Georgiev. Suisse/France, 1 h 15. Sortie le 30 sept. Avant-première le 23 à 20 h 30 à la Cinémathèque suisse (Capitole).