C’est une première: le Portrait des Vaudois, recueil de chroniques écrit par Jacques Chessex en 1969 pour saisir l’âme d’un pays, son pays, en train de basculer dans la modernité, est enfin porté sur une scène de théâtre. On le doit à la Compagnie du Clédar qui, pour son 15e Théâtre d’été, se pose au village des Bioux, et plus précisément dans le hangar à autocars de la société de transports AVJ, proposant jusqu’au 12 septembre une adaptation, signée Michel Toman, et adoubée par les deux fils de Chessex, de la bible cantonale. C’est très réussi: sur un sol de terre battue, devant un mur de béton épuré, entre et sort une galerie de personnages incarnant la moitié des 32 chapitres conservés par Michel Toman. La sommelière, le pasteur, l’institutrice, le poète, le paysan, Davel: ils n’ont pas besoin de jouer, ils sont Vaudois dans l’âme.
On y bouffe du cochon, on râle, on prie, on chasse les Bernois. C’est burlesque, émouvant, ironique, grave lorsque Chessex en appelle à son père suicidé. Avant le spectacle, on peut manger brochet et volaille à l’éphémère Auberge de la Croix-Blanche, créée pour l’occasion en clin d’œil au chapitre «Le réveillon de la Croix-Blanche». Du théâtre populaire dans toute sa splendeur.
Jusqu’au 12 septembre. www.cledar.ch
