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Le syndrome du film de petit malin

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Jeudi, 27 Août, 2015 - 05:56

Critique. Dévoilé hors compétition à Locarno, primé à Sundance, «Me and Earl and the Dying Girl» est vendu comme une perle du cinéma indépendant américain.

Présenté en première européenne au cours du récent Festival du film de Locarno, Me and Earl and the Dying Girl était précédé d’une réputation des plus flatteuses à la faveur d’un doublé – Grand prix du jury et Prix du public – réalisé en début d’année à Sundance. Las, on a vite déchanté, malgré la virtuosité certaine d’Alfonso Gomez-Rejon, ancien assistant personnel de Scorsese et d’Iñárritu, qui signe là son deuxième long métrage après avoir travaillé sur les séries Glee et American Horror Story.

Tout le programme du film est dans son titre. Ce «moi», c’est Greg, un lycéen qui le commente en voix off. Earl, c’est son meilleur ami, qu’il connaît depuis l’enfance mais qu’il préfère considérer comme un collègue puisqu’il a une peur phobique des relations humaines et qu’il fait tout pour rester invisible aux autres et ne se faire aucun ennemi. La «fille mourante», enfin, a pour prénom Rachel. Elle a une leucémie, et pour faire plaisir à sa mère, Greg se résout à aller la trouver. Comme il possède un humour plutôt décalé et qu’avec Earl il réalise des détournements en animation image par image de films cultes, il va sans peine parvenir à la faire rire. Et quand on fait rire une fille, c’est gagné.

Jusqu’ici, tout va bien. Même s’il cite un peu trop ouvertement Wes Anderson et Michel Gondry, Gomez-Rejon propose un film qui a pour lui un vrai sens du rythme, une belle utilisation de la musique (via une bande-son qui puise dans le catalogue de Brian Eno, cite Hitchcock et Truffaut et s’offre des standards pop et classiques), et des cadrages improbables qui fonctionnent plutôt bien.

Le soufflé se dégonfle

Mais si on est d’abord bluffé, on est au bout d’une trentaine de minutes saisi par cette impression que l’Américain n’a dans le fond rien à dire. Et si Me and Earl and the Dying Girl n’était finalement qu’un film de petit malin prétentieux – comme on en voit tant dans le cinéma indépendant – destiné à attirer l’attention des studios, genre, «eh, moi aussi je pourrais réaliser un blockbuster à 150 millions»?

Impression confirmée par la voix off, qui à deux reprises dévoile au spectateur la fin du film, avant que ladite fin, on s’en doutait, ne soit totalement différente. Gomez-Rejon se fiche de son public, et ça, c’est le plus insupportable.

«Me and Earl and the Dying Girl». D’Alfonso Gomez-Rejon. Avec Thomas Mann, RJ Cyler et Olivia Cooke. Etats-Unis, 1 h 45. Sortie le 2 septembre.

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