Danse macabre hilare, exploitation de l’homme par l’homme, égoïsme des nantis… Pour le dessinateur suisse Noyau, alias Yves Nussbaum, voilà à quoi ressemble notre «art de vivre» au XXIe siècle. Un monde acerbe dont il ne s’extrait pas, en témoigne les nombreuses peintures autobiographiques par lesquelles l’artiste raconte son enfance (une série intitulée Je me souviens).
La présente publication, aux Editions Les Cahiers dessinés, donne un échantillon du meilleur de son travail, d’une grande finesse formelle. Le trait, parlons-en, il n’y en a pas: tout est bâti sur la couleur. Ses œuvres sont peintures autant que caricatures. Grasses, parfois travaillées au doigt, mais d’une grande beauté, malgré une vulgarité de surface qui leur donne leur mordant. Chez Noyau, impossible d’oublier le corps et le prosaïsme de l’humaine condition. Dans ses peintures, il rend visible la gravité terrestre. C’est peut-être, au fond, son sujet: cette attraction terrestre qui fait s’affaisser les chairs et désenfler les vanités humaines.
«L’art de vivre». De Noyau. Les Cahiers dessinés, 160 p.
