Il fallait entendre, au récent Paléo 2015, les photographes de presse râler contre les restrictions dont ils sont de plus en plus victimes. L’équipe de Johnny exigeait ceci, l’entourage de Robbie Williams ne voulait pas cela, pas question de cadrer le visage de Robert Plant en gros plan, et cætera. L’organisation du festival faisait ce qu’elle pouvait pour arranger, négocier et calmer. L’évidence demeure: la musique est un business culturel, lequel est désormais de la communication maîtrisée à l’extrême. En particulier celle de l’image des artistes. Celle-ci doit être valorisante, lissée et restreinte à quelques stéréotypes reconnaissables par tous et consommables dans l’instant, comme dans un service de restauration rapide. Cette image est aussi, dans le but d’essaimer loin à la ronde, libre de droits. Ce qui revient à restreindre une autre liberté, celle des photographes d’actualité de travailler au bon moment, au bon endroit.
Ce contrôle croissant de la communication officielle des stars finira par se retourner contre lui-même. Le grand public, dont la propre maîtrise de l’image augmente de jour de jour, se lassera bien de ces clichés vernis, menteurs et médiocres. Le talent, la différence et l’étonnement visuels sont du côté des vrais photographes de terrain, ceux qui travaillent en direct, avec leur expérience, leur rapidité, leur sens de la lumière et du cadrage. Des qualités en fin de compte plus valorisantes pour les reines et rois de la scène – et pour tout le monde – que les filtres de lissage et d’atténuation dans les logiciels de retouche.
