La joie se mêle parfois de tristesse, au grand étonnement des enfants, qui ne savent pas toujours gérer ces émotions contradictoires. Comment expliquer que face à l’inattendu on soit à la fois craintif et excité? Auteur de deux longs métrages parmi les plus aboutis des studios Pixar, Monstres & Cie et Là-haut, Pete Docter nous emmène avec Vice-versa dans le cerveau de Riley, 11 ans. Y cohabitent tant bien que mal cinq personnages qui représentent chacun une émotion. Et qui vont avoir passablement de boulot lorsque la fillette va déménager, quitter ses amies, découvrir une nouvelle école et commencer à ne plus comprendre ses parents, à moins que cela ne soit le contraire.
L’argument de départ, comme souvent chez Pixar, est excellent. Dans la tête de Riley, on découvre des billes qui servent à classer les souvenirs essentiels, des îles qui symbolisent des grands moments de l’existence, un ami imaginaire dépressif parce qu’oublié et d’imposants circuits neuronaux. Une façon pour Docter d’aborder subtilement la préadolescence, tout en inventant un monde pop admirablement pensé. Entre le film d’aventures – il va s’en passer des choses dans le cerveau de Riley – et le récit initiatique, Vice-versa séduit même s’il n’a pas la profondeur des plus grandes réussites Pixar, tels Wall-E, Là-haut ou Toy Story 3.
Dans le fond, on ne rit guère, de même qu’on n’est pas vraiment ému lorsque toutes les tensions autour desquelles s’articule le récit s’apaisent. Mais, comparé à des titres comme Les Minions, qui devrait exploser le box-office en juillet, ou La reine des neiges, aussi calibré pour satisfaire le maximum de spectateurs, Vice-versa ne cherche pas l’efficacité à tout prix et se permet quelques audaces, comme un amusant clin d’œil au déconstructivisme. Cette modestie est le principal atout de ce film attachant.
«Vice-versa». De Pete Docter. Etats-Unis, 1 h 34.