Pete Fromm s’est fait connaître en racontant une saison d’hiver passée dans la solitude des montagnes de l’Ouest à surveiller deux millions d’œufs de saumon. Il avait 20 ans, et le livre, devenu culte, s’intitulait Indian Creek. Lui-même, né en 1958 dans le Wisconsin mais désormais installé dans le Montana avec femme et enfants, a travaillé comme ranger dans les parcs nationaux avant de se lancer avec succès dans l’écriture de romans, de nouvelles et de scénarios pour la télévision ou le cinéma.
Les Editions Gallmeister, à qui l’on doit la traduction en français d’une belle vague de nature writing américaine contemporaine, établissent gentiment mais sûrement sa notoriété et proposent avec son deuxième roman, Lucy in the Sky, sans doute son livre le plus subtil et personnel à ce jour.
Adapté au cinéma en 2013 dans un film de Max Mayer, As Cool as I Am, jamais distribué en Europe, ce roman d’apprentissage raconte quelques mois décisifs dans la vie de Lucy Diamond, 14 ans. Autour d’elle gravitent son père adoré, bûcheron trop souvent absent de la maison à cause de son travail, sa mère aimante, mais trop tôt mariée, et Kenny, le copain d’enfance promu petit ami officiel. Lucy est impulsive, garçon manqué, maigrelette tonique et impétueuse: elle investit à toute allure ce nouveau terrain de jeu, découvre les jeux de l’amour et du corps avec culot, quitte à bousculer l’équilibre familial.
Alliant naturalisme et intelligence psychologique, Pete Fromm décrit avec finesse les questionnements narcissiques et angoissés de Lucy à ce moment charnière où elle découvre la sexualité, le regard des autres, l’envie de quitter la maison et le Montana, les doutes qui accompagnent la fin de l’enfance. Bonne nouvelle: Pete Fromm vient de mettre un point final à la suite d’Indian Creek.
«Lucy in the Sky». De Pete Fromm. Gallmeister, 386 p.
