Inspiré de faits réels, le courage opiniâtre d’une épouse prête à tout pour sauver l’homme qu’elle aime, cet unique opéra de Beethoven est une ode à la résistance et à la liberté. C’est aussi un ouvrage hybride qui mêle les sonorités et quiproquos quasi mozartiens (dus notamment au travestissement de l’héroïne) à des thèmes plus graves – emprisonnements arbitraires, cruauté, lâcheté ordinaire, relation à la hiérarchie et au pouvoir.
S’appuyant sur une très belle distribution de chanteurs et de choristes (fameux chœur des prisonniers), le metteur en scène Matthias Hartmann s’en tient la plupart du temps à un spectacle visuel plus que théâtral, privilégiant les décors – dont la monumentale cellule de prison – aux actes. Pas grave: à la tête de l’OSR et figure de ralliement pour les chanteurs éparpillés sur la scène immense, parfois sur deux niveaux, Pinchas Steinberg prend, lui, tous les risques. Interprétation incisive, tempi choc, contrastes, tension, proche de la rupture et du décrochement parfois. Le chef ne lâche pas. Frêle mais opiniâtre, lui aussi, dans la réalisation de ce récit dramatique et musical.
Genève, Grand Théâtre. Jusqu’au 25 juin, 19 h 30. Di 21, 15 h. www.geneveopera.ch
