Il y a quatre ans, la guerre en Syrie éclate. Rattrapé par ses souvenirs d’enfance, Riad Sattouf se plonge dans ses jeunes années passées à naviguer entre la Bretagne, d’où est originaire sa mère, la Libye et la Syrie, terres de son père. Paru l’an dernier, L’Arabe du futur, tome 1, est un succès énorme, traduit en quatorze langues et vendu à plus de 250 000 exemplaires. L’Arabe du futur, tome 2, raconte l’année scolaire 1984-1985 durant laquelle le petit Riad, 6 ans, installé avec ses parents à Ter Maaleh, un petit village près de Homs, découvre tout à la fois l’école, l’enseignement à la syrienne, la langue arabe et la dureté des rapports sociaux entre garçons. Les chocs de culture sont nombreux: entre lui, petit blond moitié français élevé hors de la religion, et les autres enfants, entre sa famille européanisée et le reste du village, entre sa mère bretonne et son père, ingénieur syrien fervent adepte du panarabisme revenu dans son pays pour trouver un poste universitaire mais souffrant d’un manque de relations et de reconnaissance sociale évident.
On y retrouve avec une intensité encore supérieure, puisque le récit se concentre sur une seule année, les qualités du 1er tome: une narration qui mêle à la perfection naïveté et lucidité, un va-et-vient passionnant entre la vie privée et l’arrière-fond politique dominé par le culte de la personnalité voué au dictateur Hafez el-Assad, un dessin simple, faussement potache mais efficace et émouvant jouant joliment avec les couleurs – du bleu en France à cause de la mer de Bretagne, du rouge et du rose comme la terre du désert en Syrie. Sattouf se glisse avec une facilité déconcertante dans ce temps de l’enfance qui oscille sans cesse entre drame et insouciance et où on ne juge ni ses parents, ni ses copains pourtant cruels, ni la maîtresse carrément sadique. Vivement les tomes 3 et 4 promis par l’auteur.
«L’Arabe du futur», tome 2. De Riad Sattouf. Allary, 160 p.