Belle idée curatoriale de William Ewing, alors directeur du Musée de l’Elysée, à Lausanne, reGeneration propose tous les cinq ans depuis 2005 le meilleur des jeunes talents de la photographie. Plus précisément ceux inscrits dans les écoles de photo du monde entier. Pour sa troisième édition, reGeneration a reçu 400 dossiers et en a sélectionné 50, représentatifs de 18 pays.
Sans surprise, l’heure est au multimédia et à l’envie de sortir la photo aussi bien de son cadre que de ses deux dimensions. L’image fixe s’enrichit du mouvement, de l’installation, de l’archive, de la publication, de l’objet, de la performance.
Elle est mise en scène, posée, réflexive, subjective, attentive à son histoire et à ses commentateurs du passé. Elle s’intéresse à la mémoire, au document, à la manière de repousser ses propres limites, trois constantes qui ont défini les trois parties de ce tour d’horizon de la jeune photographie contemporaine.
Les familles implosées de Jennifer Thoreson (Etats-Unis) et les singes masqués d’Artur Gutowski (Pologne) comptent parmi les projets saillants de reGeneration3, édition également marquée par une excellente représentation suisse.
Ce qui frappe également dans cet état des lieux est son absence de spontanéité, d’humilité, d’images tranchées dans le vif de l’actualité. Sous la gouverne de ses doctes professeurs, cette relève photographique préfère son écran, son studio ou sa scénographie du réel plutôt que la posture autrement plus aléatoire du témoin attentif au monde comme il va.
Bien sûr, le reportage n’est plus enseigné dans les écoles. Bien sûr aussi, la sélection présentée dans reGeneration3 est le choix des curateurs du Musée de l’Elysée, qui préfèrent aujourd’hui le mot artiste à celui de photographe. Si bien que cette exposition collective est aussi intéressante par ce qu’elle montre, dans l’ensemble remarquable, que par ce qu’elle ne montre pas.