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Festival de Cannes: tapis rouge pour le cinéma italien

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Jeudi, 7 Mai, 2015 - 05:58

Festival de Cannes. Cela faisait vingt ans que la Croisette n’avait plus accueilli trois cinéastes de la botte en compétition officielle. Moretti, Sorrentino et Garrone représentent l’Italie et, derrière eux, c’est toute une industrie qui rêve de renouveau.

Si l’on s’amusait à parler du Festival de Cannes comme d’une compétition sportive, que l’on décidait de lister les pays le plus souvent primés, on obtiendrait ce résultat: l’Italie, derrière les Etats-Unis et la France, est la troisième nation en nombre de Palmes d’or obtenues.

Guère surprenant si l’on repense aux grandes heures du néoréalisme, à De Sica et Rossellini, ou si l’on se met à évoquer ces auteurs – Visconti, Fellini, Antonioni, Pasolini, Leone, Rosi et les autres – qui ont fait du cinéma italien l’un des plus influents du monde.

En 2001, Nanni Moretti était sacré sur la Croisette pour le bouleversant La chambre du fils. Cela faisait vingt-trois ans, et le triomphe d’Ermanno Olmi avec L’arbre aux sabots, que l’Italie courait derrière la Palme.

Laquelle, trois ans après un Prix spécial du jury décerné à Roberto Benigni pour La vie est belle, était alors brandie comme un symbole. Celui de la renaissance d’une cinématographie jadis flamboyante mais mise à mal par deux décennies de crise.

Cinq prix pour Seize sélections

Puis, en 2008, Matteo Garrone remportait le Grand Prix avec Gomorra, tandis que celui du jury revenait à Paolo Sorrentino pour Il divo. «Nous avons gagné trois prix, clamait alors dans La Repubblica l’acteur Sergio Castellitto, membre du jury cette année-là.

Les deux premiers pour Garrone et Sorrentino, le troisième pour tout le cinéma italien.» Et, en effet, alors que dans les années 80 et 90 rares étaient les films transalpins à s’imposer sur le marché international, nombreux sont les réalisateurs à bénéficier des effets collatéraux de cette médiatisation.

Gianni Zanasi, Marco Tullio Giordana, Ferzan Özpetek ou Saverio Costanzo, pour ne citer que les réalisateurs dont les films sont sortis en Suisse, participent au renouveau cinématographique d’un pays qui se distingue encore en recevant à Cannes le Grand Prix en 2012 (Reality, de Matteo Garrone) et 2014 (Les merveilles, d’Alice Rohrwacher).

Cette année, personne n’a accueilli avec surprise la présence, en compétition officielle, des nouveaux films de Moretti, Garrone et Sorrentino, qui cumulent cinq prix pour seize sélections. Déjà sorti en Italie, Mia madre voit le premier raconter l’histoire d’une réalisatrice tentant tant bien que mal de diriger un acteur américain d’origine italienne tandis que sa mère se meurt à l’hôpital.

Etrangement boudé par le jury cannois il y a deux ans, avec une sublime Grande bellezza qui lui vaudra un oscar, Sorrentino signe avec Youth son deuxième long métrage en anglais. Une langue que Garrone utilise, dans Il racconto dei racconti, pour la première fois.

Exposition historique

Cannes ne prête qu’aux riches, n’invite que les habitués. Le refrain est connu, il est entonné chaque année. Il ne s’agit pas d’habitués, mais de grands cinéastes dont nous aimons prendre régulièrement des nouvelles, rétorque en substance Thierry Frémaux, directeur artistique du plus prestigieux festival de la planète cinéma.

Morettti-Garrone-Sorrentino, ce triumvirat en impose, mais ne risque-t-il pas de faire de l’ombre au reste de l’industrie italienne, à tous ces jeunes ou méconnus réalisateurs qui tentent non sans difficulté de concrétiser leurs projets?

Se poser la question, c’est y répondre. Non, cette exposition historique – cela faisait vingt ans qu’il n’y avait pas eu autant d’Italiens en compétition – ne peut être que positive. Car la lumière attire la lumière.

Les trois mousquetaires se sont d’ailleurs fendus d’un communiqué de presse commun soulignant leur fierté de représenter l’Italie. Comme les footballeurs de la Squadra Azzurra, ils pensent unité nationale et non gloire personnelle. Matteo Renzi doit apprécier. A lui de saisir la balle au bond.

Une palme qui serait politique

Moretti, Garrone et Sorrentino sont en effet conscients que leur exposition permet à tout un pays de rayonner, et ne manquent jamais une occasion de remettre au centre de l’agenda politique la question du subventionnement de la culture.

Car, il faut le souligner, en Italie comme ailleurs, le cinéma indépendant reste fragile, avec des budgets toujours sur le fil tandis que de grosses comédies populaires attirent facilement les financiers.

C’est toute une industrie qui attend dès lors, quatorze ans après La chambre du fils, une Palme d’or. Un prix qui serait autant politique qu’artistique. Le cinéma italien, un siècle après le pionnier Giovanni Pastrone, est à nouveau internationalement reconnu. Il a cependant besoin de structures solides en ce qui concerne l’aide aux cinéastes de demain.

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