Fabrice Eschmann
Lorsque l’aiguille des secondes est introduite sur les montres de poche dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, on lui donne assez rapidement le nom de «trotteuse». Ses petits pas empressés, qui obéissent à la fréquence d’oscillation du balancier (six sauts par seconde pour 3 hertz, huit sauts pour 4 hertz), lui donnent en effet l’air de trottiner, comme un hamster dans sa roue.
Mais à une époque où l’on n’a pas encore inventé le chronographe qui permet de stopper les aiguilles pour visualiser la mesure d’un temps court, l’affaire ne convient pas aux navigateurs. Ces derniers ont effectivement besoin de la seconde comme base de temps pour déterminer la longitude lors de voyages au long cours.
C’est donc pour les fameux chronomètres de marine, mais aussi pour les régulateurs des astronomes notamment, que les horlogers vont développer la «seconde morte». Aussi nommé «seconde d’un coup» par Abraham-Louis Breguet ou «seconde sautante», le principe consiste à retenir la trotteuse tout en stockant l’énergie du balancier, pour ne la libérer que toutes les secondes pleines. Et ainsi donner une plus grande visibilité au décompte du temps.
Les multiples solutions, allant du second barillet au ressort-lame en passant par un nouvel échappement, ont à l’époque donné naissance à de véritables complications. Tombés en désuétude, ces mécanismes additionnels connaissent pourtant aujourd’hui un regain d’intérêt. De Bethune avec sa DB25T Zodiac ou Jaquet Droz avec sa Grande Seconde Morte ont ainsi, cette année, renoué avec le siècle des Lumières. S’inspirant de ses chronomètres de marine développés dès 1764, Arnold & Son s’en est même fait une spécialité. Son nouveau modèle Constant Force Tourbillon est ainsi équipé d’un deuxième spiral qui libère son énergie une fois par seconde.