mireille descombes
Divertir, dérouter, faire frissonner ou voyager: le roman policier a de multiples usages et fonctions. Dans certains pays, il permet aussi de raconter ce que les journaux ne veulent, ne peuvent ou n’osent pas révéler. C’est le cas aujourd’hui en Italie.
Le Calabrais Mimmo Gangeni fait partie de ces enquêteurs de l’ombre qui dénoncent, à coups de fictions bien documentées, magouilles, meurtres et corruptions en tout genre. Dans La revanche du petit juge, il nous plonge dans un sordide trafic de scories radioactives clandestinement enfouies en zone agricole. Qui se cache derrière ce geste criminel?
Des gens apparemment très haut placés. Pour avoir tenté d’en savoir plus, Giorgio Maremmi, le substitut du procureur, est retrouvé assassiné dans le hall d’entrée de son immeuble. Comme il avait été menacé de mort en plein tribunal par un prévenu, les enquêteurs partent sur cette piste-là.
Le juge Alberto Lenzi n’y croit pas. Bon vivant et grand amateur de femmes, le petit juge était plutôt connu jusque-là pour son manque d’ardeur au travail. Mais Giorgio était son ami. Il va se dépenser sans compter et prendre tous les risques pour faire triompher la vérité.
Dans cette entreprise périlleuse, il bénéficiera de l’aide discrète de don Mico Rota, un vieux boss local de la ’Ndrangheta condamné à la perpétuité.
Passant de la cellule de ce parrain au cercle où se retrouve la bourgeoisie locale, le lecteur s’initie aux différences entre la ’Ndrangetta et Cosa Nostra, découvre que les plus pourris ne sont pas forcément ceux qu’on pense et dévore en compagnie du petit juge et de ses belles quelques bons plats arrosés d’un blanc de Sicile.
Quant à savoir si, tout en haut, les vrais coupables seront punis, c’est une autre paire de manches.