Fabrice Eschmann
Dans le jargon horloger, squeletter une montre ne signifie pas la désosser ni la disséquer, mais en ajourer les composants– la platine, les ponts et le coq – de manière à en dévoiler tout le jeu de rouages et les organes. Apparue au milieu du XIXe siècle, la technique est dérivée de la gravure, déjà largement utilisée à l’époque pour la décoration des boîtiers et des mouvements.
Le squelettage pousse simplement l’exercice un peu plus loin, ne se contentant pas de travailler la surface des différents éléments, mais attaquant la matière jusqu’à l’éliminer. Toute la difficulté consiste évidemment à dentelliser au maximum la mécanique en prenant garde, dans le même temps, à ne pas fragiliser par trop l’architecture du calibre. Au talent du graveur s’ajoute donc la maîtrise de l’horlogerie.
Il semblerait que cet art se soit développé d’abord au Val-de-Travers, en particulier pour le marché chinois, très demandeur de ce genre de raffinements. Plus le garde-temps proposait de complications, plus le nombre de ses composants était important, plus la technique était complexe.
Pour un calibre simple, deux mois de travail à la main étaient nécessaires.
Avec le temps, si le squelettage n’a pas disparu, la méthode a été revisitée. Fraiseuses modernes et technologies d’électroérosion ont en effet permis une certaine automatisation. Mais la philosophie initiale, elle, reste la même: alléger les composants d’origine.
Plus rien de tel avec la dernière évolution en date: au sein de plusieurs marques comme Roger Dubuis, Aerowatch ou encore Armin Strom, on intègre désormais l’ajourage du mouvement dès la conception de ce dernier. Résultat: des formes de ponts totalement nouvelles, en arc de cercle ou en toile d’araignée.