Un nom à graver impérativement dans un coin de mémoire vive. Au chapitre des honneurs, ce polyglotte né en Allemagne en 1971, qui a vécu à Londres et à Paris avant de s’installer à New York, a reçu des commandes des Berliner Philharmoniker, entre bien d’autres institutions.
Directeur musical de l’Ensemble intercontemporain depuis septembre 2013, il dirige en parallèle des orchestres symphoniques à travers le monde, enseigne la composition à la Julliard School. C’est une chose. Sa musique en est une autre, même si elle se nourrit, de manière revendiquée, de tout ce que les compositeurs, vivants ou morts, ont apporté à l’art de l’écoute.
L’enregistrement aux allures de portrait que l’Ensemble Contrechamps lui consacre est un voyage fascinant et d’une grande délicatesse au pays des sons, instrumentaux et vocaux, qui tissent, englobent, emmènent, caressent, interrogent et interagissent avec autant d’élégance que de mystère. On sent les présences de Ligeti, Boulez, Lachenmann, Nono, Holliger et son rapport au souffle, mais sans leur dimension d’urgence et de tragique.
La musique de Matthias Pintscher part du silence et l’habille avec grâce de formes et de couleurs légères, précises, attentives, contrastées et souvent lumineuses. A l’image du Glasharmonika qui teinte la fin des Six bagatelles pour clarinette basse, de l’utilisation de la voix de soprano se mêlant aux instruments (A Twilight’s Song), de l’espace sonore dégagé par l’Octuor de voix de femmes dans Monumento V, du jeu des harmoniques dans les cordes. A relever enfin la qualité des interprètes qui signent, avec cet enregistrement, les débuts d’une collaboration avec le label Neos.