On ne fait pas de littérature avec de bons sentiments. Mais on fait autre chose, parfois, de tout aussi intéressant. C’est le cas avec Tristane Banon, jolie personne à la sensibilité à fleur de peau, dont on oublie depuis 2011 et sa plainte hypermédiatisée pour tentative de viol à l’encontre de DSK qu’elle est aussi journaliste et écrivaine, auteur de sept ouvrages depuis J’ai oublié de la tuer en 2004.
Love et cætera parle d’amour: à la base, les lettres qu’elle adresse chaque semaine à l’antenne de France Bleu à une personnalité qui l’a touchée. Les trente missives qu’elle a sélectionnées pour le livre (adressées à Eric Naulleau, Jacques Perrin, Vanessa Paradis, Isabelle Giordano, Philippe Tesson ou Valérie Trierweiler) datent de 2013 et 2014. Tristane les livre ici, entourées de l’histoire de chaque lettre, du choix de la personnalité, et de ce que la lettre a parfois déclenché comme réaction, ou amitié.
C’est là que l’exercice trouve tout son intérêt et que Tristane Banon démontre que l’on peut ignorer le sens même du mot cynisme sans paraître idiote: qu’ils lui aient fait du tort, comme Nicolas Bedos, ou qu’elle les trouve lourds, comme Alain Delon, toujours, du fond d’une profonde humanité, elle transforme son regard en empathie tendre.
Cette fille sait aimer, sans doute trop; pardonner, sans doute trop vite, sait le dire, même si c’est au micro d’une radio, sait admirer, de loin ou de près, ce qui est une qualité rare. Ses missives surannées se lisent comme une invitation à la délicatesse et à la bienveillance. Un ovni, je vous dis.