L’œuvre de l’auteur polonais est intimement liée aux Editions Noir sur Blanc, à Lausanne, qui l’ont fait connaître.
LITTERATURE. Né en 1930 près de Cracovie, Slawomir Mrozek, dessinateur, dramaturge et écrivain, a publié son premier recueil de nouvelles en 1953 chez le Gallimard polonais, Wydawnictwo Literackie, aujourd’hui l’un des fleurons du groupe éditorial Libella, fondé par Vera Michalski. C’est en 1988 en France, pays où il a reçu l’asile politique, que la Suissesse rencontre pour la première fois l’écrivain, aux côtés de son époux, Jan Michalski. Le couple vient de fonder la maison d’édition Noir sur Blanc. Pour les rejoindre, Mrozek délaissera son grand éditeur parisien. «Ce qui m’a frappée, c’est sa grande stature, se souvient Vera Michalski. Il se tenait droit. Il était à la fois réservé et curieux de nous connaître. Son regard était attentif et amusé. Il devait se demander:” Qui sont ces drôles d’oiseaux?“». Il leur confie l’édition de ses Œuvres complètes en langue française. Douze volumes suivront. Il cédera aussi à l’éditrice et mécène la publication de l’intégralité de son œuvre en polonais. Aujourd’hui, la Fondation Jan Michalski, à Montricher, est dépositaire des archives de l’écrivain, décédé le 15 août dernier. Pour qualifier son humour caustique, Vera Michalski aime citer la couverture du volume Dessins, publié en 2010. On y voit un personnage triste, sommairement dessiné, déclarer: «Pourquoi c’est Slawomir Mrozek qui m’a dessiné et non pas Léonard de Vinci?» Les lecteurs francophones doivent encore découvrir son abondant Journal et sa dernière pièce de théâtre, Carnaval, ou la première femme d’Adam, qui seront publiés prochainement.