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Education: faut-il autoriser le téléphone portable à l’école?

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Jeudi, 26 Février, 2015 - 05:59

Selon la Haute école zurichoise en sciences appliquées, 97% des jeunes vivant en Suisse possèdent un smartphone. Mais à l’école, les téléphones portables restent habituellement interdits, alors qu’ils présentent nombre de ressources et d’applications pour apprendre et communiquer. Dès lors, Jean-Claude Domenjoz ose LA question qui dérange. 

Selon l’étude JAMES 2014 (Jeunes activités médias – enquête Suisse) réalisée par la ZHAW (Haute école zurichoise en sciences appliquées), 87% des jeunes en Suisse utilisent leur smartphone pour surfer sur l’internet, 88% pour écouter de la musique, 68% pour prendre des photos ou filmer, 61% pour échanger des courriels, 53% pour jouer à des jeux. Près de 90% des jeunes ont un compte sur un réseau social, quel que soit leur âge.

L’étude JAMES est réalisée depuis 2010 auprès de 1000 adolescent(e)s de 12 à 19 ans des trois régions linguistiques. Elle porte sur les activités de loisirs avec ou sans médias. Cette étude, effectuée pour la troisième fois en 2014, permet donc de faire des comparaisons et de mettre en évidence des tendances. Parmi celles-ci, on peut relever que les smartphones sont de plus en plus utilisés pour d’autres fonctions que téléphoner. La plus importante évolution constatée concerne l’utilisation de l’internet mobile: 87% des jeunes surfent quotidiennement avec leur smartphone, alors qu’ils/elles étaient seulement 16% en 2010.

Les jeunes utilisent en masse les terminaux de téléphonie mobile ainsi que les ordinateurs, tablettes et autres appareils numériques dont leurs foyers sont équipés. La variété de l’utilisation des appareils et de leurs activités préférées témoigne de l’aisance technique avec laquelle les jeunes vivant en Suisse s’adaptent à l’évolution extrêmement rapide des moyens et applications numériques. Cependant, les savoirs et les compétences que les adolescentes et adolescents ont acquis essentiellement par des activités de loisirs restent limités et doivent être approfondis et développés.

Il faut cependant constater, en revanche, qu’à l’école les smartphones restent interdits! A l’exception de rares projets pilotes menés ici ou là. Voici, à titre d’exemple, les règles édictées au secondaire II de l’Ecole de commerce Aimée-Stitelmann (canton de Genève) qui accueille des élèves se destinant à des professions commerciales et qui, pour partie, préparent la maturité professionnelle commerciale: «Les téléphones portables, appareils et autres gadgets électroniques doivent être éteints durant les cours et rangés dans le sac (y compris les écouteurs). Ils ne peuvent pas être utilisés comme agenda, calculatrice, écran télévisuel, vidéo ou montre. Leur utilisation (sous toutes ses formes) est strictement INTERDITE dans toutes les salles de classe. Les appareils des contrevenants peuvent être confisqués.»

Comme souvent dans le monde scolaire, les téléphones portables sont assimilés à des objets ingénieux, futiles, qui plaisent plus par leur nouveauté que par leur utilité. Une affaire de mode, donc. Au lieu de s’en servir comme des outils pour s’informer, apprendre, communiquer, expérimenter…

Pourtant, les usages du numérique se multiplient dans la vie quotidienne aussi bien que professionnelle. L’essor des technologies numériques et de l’internet bouleverse notre société. De nouvelles compétences numériques et médiatiques sont nécessaires pour travailler et tout simplement agir dans la vie quotidienne.

Comment l’école publique pourrait-elle rester en dehors de cette dynamique? C’est un défi et une chance de permettre notamment aux élèves d’être plus actifs et autonomes dans leur travail et leurs apprentissages. Comment l’école pourrait-elle développer efficacement la réflexion sur les applications, les services, les contenus, les technologies de la communication et un regard critique sur leurs usages tout en en interdisant l’utilisation?

Pourquoi ce qui est possible à l’école primaire communale d’Arth-Goldau (Schwyz) avec de jeunes enfants ne serait-il pas possible dans d’autres établissements? Les enfants y apprennent à utiliser leur appareil personnel (smartphone, tablette) tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’école comme un outil de travail et d’apprentissage, tout en développant un point de vue critique. Le Gymnase intercantonal de la Broye, à Payerne, développe et encourage aussi les élèves, depuis plusieurs années, à utiliser les ordinateurs.

Ce n’est pas simple d’intégrer ces «nouveaux» outils en classe… Certes. Mais il faut aller de l’avant. Former le corps enseignant et les cadres du système éducatif. Un recyclage est à prévoir. Vite. Le coût? Ah, le coût! C’est le motif habituellement donné pour être sûr de maintenir le statu quo. Mais si les élèves apportent leur propre équipement, l’argument tombe! Un concept a été forgé pour cela, le «Bring Your Own Device» (BYOD), soit «apportez vos appareils personnels». Une pratique qui consiste à utiliser, en classe ou dans un contexte professionnel, son équipement personnel (téléphone, ordinateur portable, tablette) comme à Arth-Goldau. 

Comme le disait une institutrice de cette école: «Il vaut mieux avoir les portables sur la table qu’utilisés en cachette sous la table!» 

Retrouvez les chroniques de Jean-Claude Domenjoz dans son blog Éducation et médias

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