Recueil. Vingt-sept écrivains romands évoquent les bonheurs de leur vie. Des textes émouvants ou noirs, pour dire l’éphémère.
Le titre laisse présager du pire. Doucereux, Les heures étoilées de ma vie donne envie de prendre ses jambes à son cou. Ce serait dommage, car ce recueil collectif orchestré par les Editions de l’Aire recèle quelques perles.
Alain Campiotti, Yasmine Char, Jon Ferguson, Blaise Hofmann… 27 écrivains, la plupart maison (et d’autres plumes invitées à la fête, dont notre journaliste Isabelle Falconnier), y parlent de la place du bonheur dans leur vie. Mais, comme la beauté en poésie, le bonheur s’évanouit dès qu’on essaie de l’attraper.
Il vaut mieux le fuir, «de peur qu’il ne se sauve», comme l’écrivait Gainsbourg. Et lui préférer la joie, moins béate, moins tyrannique. «De fait, elle ne sait rien du bonheur. Rien. Que le vivre», résume Xochitl Borel.
Certains s’en tirent par une ironie élégante, telle Marie-Claire Dewarrat, qui de bonheurs n’aime «que les imprévisibles, les rares, les secrets». En son cœur, ce recueil porte un astre noir, signé Jacques Roman. Sec, limpide, noir et cinglant. Roman gagne en simplicité et dit l’absence de bonheur avec une drôlerie mordante et retenue.
Comme une réponse à la naïveté du titre. Le bonheur? «J’en ai vu qui nageaient dedans comme on nage dans la connerie: sans souci du fond.» Il le préfère «vif et rude à jeter les amarres pour fuir tous les ports de cruauté».
«Les heures étoilées de ma vie», L’Aire, 288 p. Vernissage le mercredi 4 mars à 17 heures, Payot Lausanne.
