Les métiers d’art connaissent un renouveau époustouflant dans la haute horlogerie ces dernières années. Historiquement, ces techniques empruntées à la joaillerie se limitaient à la gravure, au sertissage et à l’émaillage. Mais l’imagination sans limites des marques n’a pas tardé à faire éclater ce cadre par trop restreint.
Ont alors commencé à apparaître des cadrans décorés de marqueterie de paille, de plume, de nacre, de bois, de pierre et même de pétales de rose, de verre cristal «millefiori», de mosaïque de pierre ou de laque japonaise.
La championne toutes catégories est certainement la maison Cartier, qui n’y consacre pas un atelier, mais un bâtiment complet. A côté de sa manufacture de La Chaux-de-Fonds, elle a entièrement rénové une vieille ferme neuchâteloise qu’elle a baptisée la Maison des métiers d’art.
Une cinquantaine de personnes s’y consacrent à la décoration de 500 pièces par an, mais aussi à la recherche de nouvelles disciplines. C’est ainsi que la marque a remis au goût du jour des artisanats quasi oubliés, la granulation étrusque l’an dernier, le filigrane cette année.
Dans ce registre, Piaget a présenté au Salon international de la haute horlogerie une collection remarquable: Art & Excellence. Parmi les trois pièces visibles, l’une reproduit la rose chère à Yves Piaget en micropointillisme. Ce type de broderie est un art séculaire qui trouve sans doute ses origines dans la tradition byzantine.
A cette époque, les étoffes des vêtements portés par les souverains et les hauts dignitaires religieux, les ornements liturgiques et héraldiques, sont embellis de fils précieux d’or et d’argent destinés à en souligner le caractère sacré.
Ce cadran, réalisé par Sylvie Deschamps, l’une des dernières à maîtriser cette technique, est composé de milliers de nœuds de soie soulignés de fil argent.
Fabrice Eschmann
