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Ces photographes qui ont tourné cinéastes

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Jeudi, 19 Février, 2015 - 05:58

Analyse. Anton Corbijn et son «Life» présenté à Berlin, Sam Taylor-Johnson et son inévitable «Cinquante nuances de Grey»: deux destins de photographes passés à la réalisation. L’un avec talent.

Stanley Kubrick disait que la première qualité d’un réalisateur devrait être de connaître la photographie. Le sens de la lumière, du cadrage, de la profondeur de champ, de la bonne focale. Kubrick parlait en connaissance de cause.

Il avait, très jeune, commencé à gagner sa vie à New York en travaillant comme (excellent) reporter-photographe pour le magazine Look, alors rival de Life. L’une des stars de ce dernier hebdomadaire, le Noir américain Gordon Parks, est lui aussi passé à la réalisation, signant le polar Shaft, fameusement soutenu par la musique d’Isaac Hayes. Ken Russell? Agnès Varda? Eux aussi ont commencé par l’image fixe avant de la faire défiler, bobine après bobine, sur grand écran.

Quelques décennies plus tard, revoilà des photographes passés avec succès (en termes de dollars pour Sam Taylor-Johnson) à la réalisation de films hollywoodiens. Le Néerlandais Anton Corbijn, 59 ans, a présenté au récent festival de Berlin son dernier opus charbonneux, Life, comme le magazine évoqué plus haut.

Le film raconte la rencontre entre un James Dean débutant et un photographe de Life alors dans la dèche, Dennis Stock, interprété ici par Robert Pattinson. S’ensuivront les légendaires clichés de James Dean marchant sous la pluie à Times Square, ainsi que ceux pris dans la ferme de son oncle, dans l’Indiana.

Noirs de suie

Egalement metteur en scène du tiède The American avec George Clooney et, avant cela, du nerveux Control sur la vie brève de Ian Curtis, chanteur de Joy Division, Anton Corbijn reste fameux comme photographe de rock. Compagnon de route de U2 et de Depeche Mode, portraitiste de Nick Cave, Johnny Cash (et même Johnny Hallyday), David Bowie ou Miles Davis, cette grande perche néerlandaise a un style immédiatement reconnaissable: noirs de suie, contrastes violents, ambiances menaçantes.

Autant les images d’Anton Corbijn font dans la pesanteur existentielle, autant celles de Sam Taylor-Johnson, 47 ans, ont une légèreté creuse. Cette photographe plasticienne s’est d’ailleurs fait connaître par des autoportraits en l’air, soit suspendue par des ballons, soit tombant d’une chaise.

Un temps abusivement cataloguée «Young British Artist», comme si elle avait le talent provocateur d’un Damien Hirst ou d’une Tracey Emin, Sam Taylor-Johnson est également vidéaste. Ne soyons pas trop sévère: son premier film, Nowhere Boy, sur la prime jeunesse de John Lennon, était plutôt réussi. Même si le biopic n’a de loin pas rapporté ce que glanera sa dernière réalisation, Cinquante nuances de Grey, qui s’annonce comme le film porno-chic le plus rentable de l’histoire. Mais au rayon des nuanciers monochromes, il est toujours permis de préférer ceux du ténébreux Anton Corbijn. 
 

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Victoria Will Keystone / AP Invision
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