C’est une vérité de La Palice, l’horlogerie traditionnelle est le terrain d’expression privilégié de la micromécanique. Mais on oublie souvent qu’une autre science s’y intéresse également beaucoup: l’optique. Au début des années 50, Rolex réfléchit à la manière de rendre lisible sa (trop) petite date.
Au simple agrandissement du guichet, la marque préfère alors un subtil artifice visuel. En 1953, l’entreprise horlogère est la première à breveter une loupe Cyclope, qui fait son apparition sur le verre de la Datejust.
Puis la glace saphir dans son ensemble fait l’objet de recherches. Extrêmement résistant aux rayures, le matériau convient particulièrement bien à l’horlogerie. Mais sa densité optique élevée entraîne des réflexions de surface incommodantes, jusqu’à 8% de la lumière par face.
Le remède viendra d’un revêtement antireflet obtenu par le dépôt d’une succession de couches ultraminces et transparentes, comme du dioxyde de titane ou de silicium.
Dans le champ du ludique, les horlogers ne sont pas en reste non plus: en 2014, Greubel Forsey s’associait avec l’artiste britannique Willard Wigan pour son Art Piece 1. Sa spécialité: les microsculptures. La caravelle à trois mâts en or logée dans cette montre ne fait ainsi que 1,22 mm de hauteur sur 0,95 de longueur.
Les concepteurs ont donc imaginé rien de moins qu’un microscope emboîté dans la carrure et grossissant l’œuvre 23 fois. Dernière fantaisie en date: l’Aventicum, de Christophe Claret. Retrouvé lors d’une fouille en 1939 sur le site d’Avenches, capitale de l’Helvétie romaine, le buste en or de l’empereur Marc Aurèle est aujourd’hui la pièce maîtresse du musée de la ville.
Passionné d’histoire, l’horloger du Locle a placé une réplique de 3 mm de l’effigie au centre d’un mirascope. Cette construction de deux miroirs paraboliques génère à son sommet un hologramme déconcertant.
Fabrice Eschmann
