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Musées romands, piètres communicateurs

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Jeudi, 29 Janvier, 2015 - 05:58

Fréquentations. En ce début d’année, les musées alémaniques détaillent leur nombre d’entrées en 2014, les scores de leurs expositions ou leurs résultats financiers. Rien de tout cela par ici.

La différence est frappante, comme si l’on avait affaire à deux pays. En ce mois de janvier, les grands musées d’art alémaniques communiquent par voie de presse leurs résultats de l’an dernier. Il peut s’agir de leur nombre de visiteurs en 2014, des expositions qui ont bien ou moins bien marché, de leurs résultats financiers, des études sur la provenance et les attentes de leur public, de la mise en place de nouveaux services (par exemple des visites guidées en russe au Musée national suisse à Zurich). Comme le résume Brigit Bucher, porte-parole du Musée des beaux-arts de Berne, «c’est un geste de transparence de plus en plus indispensable. Nous justifions ainsi les subventions et la confiance dont nous bénéficions, année après année. Le public a droit à ce genre d’informations. C’est pourquoi notre communication est, sur ce point précis, de plus en plus détaillée».

Une différence culturelle

Or ce même public, qui contribue pourtant à la bonne marche des musées municipaux ou cantonaux, est beaucoup moins informé en Suisse romande. Les fréquentations enregistrées pendant l’année écoulée, les enquêtes sur les visiteurs ou les annonces de nouveautés sont en général confinées dans les rapports annuels d’activité, adressés aux seuls fidèles des institutions et aux mécènes, ou ne sont tout simplement pas annoncées à la ronde.

En conclure que la communication des musées alémaniques est plus professionnelle que celle de leurs homologues romands ne suffit pas. L’idée de l’institution muséale comme étant au service de la société civile est plus ancrée en terre alémanique. Les subventions doivent d’abord servir la collectivité, laquelle a droit en retour à une information claire et circonstanciée. «Surtout à une époque où nous sommes amenés à solliciter davantage les aides publiques sur des projets de restauration d’œuvres, d’acquisitions ou de construction de nouvelles infrastructures», note Björn Quellenberg, responsable de la communication du Kunsthaus de Zurich.

Pour culturelle qu’elle soit, cette différence de pratique ne laisse pas insensibles les musées en Suisse romande. «C’est vrai, nous avons besoin de communiquer des informations pointues et surtout qualitatives, concède Véronique Lombard, responsable de la promotion culturelle à la Ville de Genève. Mais nous avons réagi l’automne dernier avec une conférence de presse qui donnait les chiffres détaillés de la fréquentation de nos musées en 2013, ainsi que les résultats d’études sur nos publics. Nous ferons de même en mars prochain pour l’année 2014.»

«Nous ne sommes sans doute pas assez pro­actifs de ce côté-là, admet Julie Maillard au Musée de l’Elysée à Lausanne. Mais à chacun sa stratégie. Nous préférons concentrer notre communication publique sur la présente année 2015, qui sera celle des 30 ans de notre musée. La fréquentation ou l’étude des publics, ce n’est pas tout. Nous communiquons par exemple beaucoup sur notre rayonnement à l’international, comme les expositions que nous faisons voyager dans le monde et qui attirent beaucoup de visiteurs.»

Reste que les nombres d’entrées sont une bonne jauge de l’intérêt public pour telle ou telle institution, telle ou telle exposition. Surtout lorsqu’un Kunsthaus de Zurich peut annoncer 300 000 visiteurs en 2014, le Kunstmuseum de Berne 110 000 ou le Musée national suisse à Zurich 227 000. Sans parler de la Fondation Beyeler de Bâle, elle une institution privée, qui révèle avoir accueilli 349 531 visiteurs l’an dernier, confirmant son rang de musée d’art le plus fréquenté de Suisse. Les scores romands sont à l’évidence loin de ces sommets, mais pas honteux pour autant. A Lausanne en 2014, le Musée des beaux-arts a enregistré 52 814 entrées et le Musée de l’Elysée 65 000, en comptant la Nuit des images. Alors, pourquoi ne pas le dire davantage, et surtout mieux?

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