Son fils Grégoire a saisi sur ordinateur son dernier article qu’il avait, comme à son habitude, rédigé à la main, de sa belle écriture liée. Un essai à paraître après son décès dans la revue Watch Around. Gil Baillod vous explique la réinvention de la seconde…
On peut y voir un clin d’œil du sort. L’horlogerie, l’histoire du temps ont été l’une de ses passions. Il a pour ce texte fait le lien entre l’Antiquité et le high-tech, fidèle à sa méthode: creuser, accumuler des masses d’informations, puis ajuster les pièces comme pour une grande complication. Une méthode, mais d’abord un tempérament.
Gil Baillod, journaliste jusqu’au bout de la nuit quand il fallait suivre une ambulance, recouper les faits. Ou balancer un éditorial comme un coup de hache. Cette légendaire «lettre à deux salauds», par exemple, au plus fort de la dévastation horlogère. Charismatique rugueux, il a donné un visage et une voix aux Montagnes neuchâteloises, mais aussi à une industrie identifiée à l’entier du pays. Comme si les crises révélaient la grandeur des hommes. Et la qualité des journaux. L’Impartial sous Baillod, pendant trente ans, a donc été un quotidien régional mais d’importance nationale. Ce n’est pas un hasard s’il y a, ce mardi 27 janvier à La Chaux-de-Fonds, une foule qui rassemble les personnalités et les amis du canton, mais aussi ceux venus d’autres horizons.
On se souvient des chroniques matinales de Gil Baillod à la radio romande, qui faisaient immanquablement dresser l’oreille à l’auditeur tant le ton était direct. De celles rédigées pour L’Hebdo. Et pour le magazine Montres Passion. On se remémore les discussions avec sa femme Mouna, la mère de ses trois fils, sa première lectrice, sa challenger intellectuelle. On se rassure, maigre consolation, en se disant qu’il est mort debout, planté dans la cuisine de cette ferme qu’il aimait. Et qu’il laisse en héritage une vie de journaliste habité. Et, comme signature, un œil rieur et toujours en éveil.