Pendant longtemps, le chasselas a été moqué. Pas par les Vaudois, bien sûr, qui en savent les subtilités, apprécient sa fraîcheur, sa vivacité, sa capacité à étancher la soif sans l’éteindre et donc à la magnifier. Les Vaudois, et aussi les Valaisans, chez qui il est fendant, du nom – c’est joli – d’une variété dont les grains se fendent sous la pression des doigts. Aujourd’hui, ce cépage né sur les bords septentrionaux du Léman est célébré non plus seulement par les buveurs et les bons vivants mais aussi par les spécialistes. Dont Chandra Kurt, auteure suisse de référence concernant le vin. Elle vient de faire paraître, avec le vigneron Louis-Philippe Bovard, Chasselas – De Féchy au Dézaley, un bel ouvrage illustré de magnifiques gravures sur bois – datant de 1935 – de Paul Boesch. On y apprend beaucoup sur le chasselas, son histoire, ses variétés, ses six appellations, et on découvre 37 recettes traditionnelles «à savourer avec du chasselas, de l’apéritif au dessert», comme celle de la soupe au vin (qui contient même un peu de verdure: deux feuilles de laurier). Après la lecture de ce livre, vous n’hésiterez plus lorsqu’on vous demandera ce que vous voulez boire.
«Chasselas – De Féchy au Dézaley». Ed. Orell Füssli, 178 pages.