Puisqu’une de ses amies s’est inscrite à l’école de la marine marchande au moment où elle se lançait dans des études de cinéma, Lucie Borleteau a choisi de raconter, dans son premier long métrage, l’histoire d’une jeune femme marin. Remplaçant au pied levé un mort, Alice passe en un clin d’œil d’une plage ensoleillée aux moites entrailles d’un cargo. Mais le Fidelio porte mal son nom: son capitaine n’est autre que Gaël, qu’elle a tant aimé et face auquel elle va avoir de la peine à ne pas se faire infidèle.
Dans sa cabine, Alice trouve le journal du matelot qu’elle a remplacé. Alors que plane l’ombre du disparu, elle va devoir faire le point sur sa vie. Que veut-elle? Qu’attend-elle? Elle doute, ne sait pas trop. Et le film de se mettre lui aussi à hésiter, de se demander s’il doit se faire drame psychologique, mélodrame ou thriller affectif. A la froideur de la salle des machines répond la chaleur des corps dénudés, mais il peine à trouver son point d’équilibre. Le récit manque cruellement d’enjeux, ce qu’une mise en scène appliquée mais trop lisse ne parvient guère à faire oublier. Impossible dès lors de s’impliquer émotionnellement dans l’odyssée sentimentale d’Alice, laquelle finit même par nous agacer. Il y a néanmoins dans ce premier long métrage quelques belles promesses. A Lucie Borleteau de mieux travailler son prochain scénario.
«Fidelio, l’odyssée d’Alice». De Lucie Borleteau. Avec Ariane Labed, Melvil Poupaud et Anders Danielsen Lie. France, 1 h 37.
