Quantcast
Channel: L'Hebdo - Culture
Viewing all articles
Browse latest Browse all 4553

Vous reprendrez bien une tranche de Climax?

$
0
0
Jeudi, 18 Décembre, 2014 - 05:59

Rencontre. Le groupe vaudois, dont les origines sont à aller chercher du côté de la vallée de Joux, vend son troisième album dans une boîte à vacherin. Son garage-rock tendance blues impressionne.

Dans un monde meilleur, Climax remplirait le Stade de Suisse. L’O2 Arena, aussi. Et pourquoi pas le Madison Square Garden. Foule en délire, murs d’amplis crachant jusqu’à l’épuisement son garage-rock mâtiné de blues et de funk, paillettes et feux d’artifice pour l’ultime rappel, lorsque le quintette déroule Heavy Roots, chanson-titre de son dernier album, refrain fédérateur et mélodie frondeuse. Mais voilà, le monde ne tourne pas toujours rond, et Climax est seulement un sacré bon groupe. Ce qui dans le fond est déjà pas mal.

Son histoire démarre du côté de la vallée de Joux, il y a une vingtaine d’années, lorsque quelques potes décident de faire de la musique ensemble. Ainsi naquit Pancake, une pétaradante fanfare funk qui se taille très vite une solide réputation scénique. Alors que la Suisse romande est très rock, le collectif détonne avec ses cuivres conquérants et son orgue Hammond virevoltant, derrière lequel on découvre un drôle de gars, Raphaël Noir, chef de meute à mi-chemin entre un Marsupilami sous acide et le professeur Tournesol.

Toute la musique, elle vient de là

Quand, en 2003, l’aventure Pancake s’arrête, le Vaudois décide d’opérer un virage rock. Enfin. Lui qui a beaucoup écouté The Cure et U2, avant de s’immerger dans la britpop avec Oasis, The Stone Roses, Blur et The Charlatans, une formation qu’il écoute encore beaucoup dans sa voiture, entre autres parce qu’on y entend aussi un Hammond, se dit qu’il est temps de laisser parler sa passion pour la scène mod et les swinging sixties. Trois membres de Pancake, bientôt rejoints par un batteur, choisissent de le suivre dans l’aventure. Ainsi naquit Climax, du nom du dernier enregistrement de Pancake, un vrombissant combo rock aux influences multiples.

Il y a par exemple, dans la musique du quintette, un son brut qui rappelle que toute la musique qu’ils aiment, elle vient de là, elle vient du blues. Cette tendance à revenir aux sources est d’ailleurs au cœur de la démarche de nombreux groupes majeurs de ces dix dernières années, The White Stripes et The Black Keys en tête. «C’est vrai, il y a peut-être un effet de mode», concède Raphaël Noir, avant de souligner que «dans le fond, des reprises de Booker T. on en fait depuis quinze ans. C’est le James Taylor Quartet qui a remis au goût du jour ces morceaux avec trois accords et du Hammond qui nous ont beaucoup influencés. Quand on fait du rock, on ne veut pas aller seulement du côté de l’artifice technologique permettant d’avoir un gros son, on a aussi envie de retrouver la hargne des origines.» Cette hargne originelle, Climax lui rend un bel hommage sur Bad Joke, un des meilleurs titres de Heavy Roots, avec son saxophone évoquant par instants I Put a Spell on You du grand Screamin’Jay Hawkins. D’où l’importance pour le groupe de retrouver en studio l’énergie du live.

Pour la première fois, Raphaël Noir n’a pas composé l’entier des morceaux en solo, mais les a façonnés au fil d’innombrables jams avec ses camarades, chacun y allant de son idée. C’est seulement après avoir élaboré l’architecture de l’entier du disque que Climax s’est enfermé à Lutry afin de l’enregistrer sous la houlette de l’ingénieur du son et producteur français Xavier Dromard, que le chanteur et pianiste avait rencontré du temps où il accompagnait sur scène Jérémie Kisling. Les deux hommes travaillent depuis régulièrement ensemble, une complicité qui permet à Climax d’avancer sereinement.

Les compétences et la douce folie de Raphaël Noir en ont fait un producteur, arrangeur et directeur musical fort apprécié. Ce qui lui a même ouvert les portes de la RTS alors qu’il n’avait pas de télévision chez lui. On se souvient avec délices de ses chroniques déjantées pour l’émission C’est la jungle! de Martina Chyba. «Je ne crois pas que je sois un grand musicien, mais je pense avoir une bonne vision globale, et c’est ce qui m’aide dans mon travail d’arrangeur, analyse-t-il. Même si au niveau du chant je me suis amélioré, je sais surtout foutre de l’énergie au bon moment. Pareil avec l’orgue, je sais jouer les notes qu’il faut quand il le faut.»

Les gentils de la campagne

Les racines qu’évoque Heavy Roots, c’est peut-être ce blues fondateur. Et c’est aussi cette vallée de Joux où tout a commencé. «Un temps, comme on habitait tous Lausanne, on a essayé de se faire passer pour un groupe lausannois, rigole le musicien. Mais, dans les faits, on s’est rendu compte qu’on ne ferait jamais partie de la famille rock lausannoise, qui n’est pas toujours facile d’accès même si on a du respect les uns pour les autres. On a souvent passé pour les gentils de la campagne, et on a cette fois choisi de le revendiquer.»

D’où l’idée un peu folle de vendre Heavy Roots dans une boîte à vacherin pyrogravée! «Lorsqu’on envoie aux journalistes un simple lien par mail, on n’a aucune réponse, note Raphaël Noir. Tandis que lorsqu’ils reçoivent une boîte avec un CD et un vacherin, alors là, ils répondent. A nous d’être créatifs pour montrer qu’on existe.» Soulignons quand même que L’Hebdo a reçu une édition sans fromage…

Climax. «Heavy Roots». Langusta Entertainment. En concert le 20 décembre à Ovronnaz (Aftersky) et le 28 mars 2015 à Verbier (Xtreme Freeride World Tour).

Edition: 
Rubrique Print: 
Image: 
Climax
Lea Kloos
Rubrique Une: 
Auteur: 
Pagination: 
Pagination visible
Gratuit: 
Contenu récent: 
En home: 
no

Viewing all articles
Browse latest Browse all 4553

Trending Articles