Critique. Quatre ans après le labyrinthique «Inception», Christopher Nolan propose avec «Interstellar» un film de science-fiction vertigineux dans sa manière d’aborder la notion de l’espace-temps.
Le monde tel qu’on le connaît est menacé d’extinction. Voilà pour l’argument de départ d’Interstellar, qui prend le contre-pied de la science-fiction telle que la pratiquent la plupart des cinéastes. On est en effet ici dans un environnement préapocalyptique, alors que tant de films nous montrent la Terre après le déluge.
Cooper est fermier. Mais dans une autre vie il a été pilote pour la NASA. Alors qu’il ne pense plus qu’à protéger ses enfants, son passé le rattrape. L’agence spatiale a lancé une mission visant à trouver, dans une autre galaxie, une planète habitable. Et qui mieux que lui peut prendre les commandes de la navette qui s’apprête à s’engouffrer dans un trou noir repéré près de Saturne?
Quatre ans après avoir proposé avec Inception un film labyrinthique multipliant les niveaux narratifs et les mises en abyme, Christopher Nolan propose avec Interstellar un film de SF à l’approche classique, en 2D et au récit extrêmement simple, du moins dans ses deux premiers tiers. A l’instar de ce qu’a réalisé Alfonso Cuarón dans Gravity, il joue merveilleusement avec le vide interstellaire et la dimension métaphysique de l’espace. Il ose la lenteur et les silences, de longues séquences dialoguées et de brutales ellipses, tout en proposant une vertigineuse approche de la notion d’espace-temps et de l’instinct de survie propre à chacun face à la perspective de la fin de l’humanité. Une fois de plus, il parvient à faire rimer blockbuster et auteur.
«Interstellar». De Christopher Nolan. Avec Matthew
McConaughey, Anne Hathaway. Etats-Unis/GB, 2 h 49.