Portrait. Le Vaudois Fabian Ferrari a travaillé dans le milieu bancaire avant de tout plaquer pour suivre une formation de comédien. Il présente à Lausanne son premier seul en scène.
Il n’est jamais trop tard pour aller au bout de ses rêves. Un adage éculé que l’on ne peut s’empêcher de réactiver en entendant Fabian Ferrari raconter son histoire. Alors que le comédien s’apprête à présenter à Lausanne un one man show construit autour de textes de Jean Yanne, Francis Blanche et Pierre Dac, il est difficile de croire qu’il y a quelques années encore, il travaillait… dans la finance. Bien avant cette reconversion pour le moins radicale, Fabian Ferrari «avait déjà goûté au théâtre», comme il dit. Né à Lausanne en 1966 d’une mère belge et d’un père suisse, il suit très jeune, à Pully, les cours de Sara Gazzola. «Je me souviens d’avoir fait deux-trois spectacles, dont celui d’inauguration du Théâtre de l’Octogone. J’adorais ça. Quand j’ai perdu ma mère lorsque j’avais 12 ans, mes parents étant divorcés, je me suis alors retrouvé en internat.» L’adolescent vivra ensuite quelque temps chez son père. A 15 ans et demi, il décide de voler de ses propres ailes et se lance dans un apprentissage d’employé de commerce. Il continue de faire un peu de théâtre, mais la nécessité de gagner sa vie l’éloigne peu à peu des planches. «Je savais que je remonterais un jour sur la scène. Ce qui m’a pris vingt-trois ans», rigole-t-il aujourd’hui.
Durant ces plus de deux décennies, Fabian Ferrari aura travaillé dans différentes banques, tant en Suisse qu’en Belgique, tout en accompagnant quelques missions du Comité international de la Croix-Rouge en tant qu’administrateur. A 43 ans, devenu responsable du département commercial de la Banque diamantaire anversoise, il suit un énième cours de management durant lequel la personnalité de chaque collaborateur est décortiquée. C’est le moment que choisit le démon du théâtre pour le rattraper, enfin, et le pousser à revenir à ses premières amours en suivant la formation académique dont il rêvait.
A Lausanne, la Manufacture accepte pour la première fois les candidatures des plus de 25 ans. Il se présente. Et subit un échec. Un membre du jury, qui fonctionne à l’unanimité, le trouve trop vieux… Il opte alors pour Paris, présente le même concours à l’Ecole Claude Mathieu, où il est finalement reçu. S’ensuivent trois ans et demi de formation durant lesquels il se distingue dans plusieurs pièces. «Comme j’étais l’élève le plus âgé de l’école et que dans une pièce on a toujours besoin d’un père ou d’un patriarche, c’était pratique.» Il enchaîne ensuite des petits rôles, fait de la figuration et tourne quelques pubs, tout en suivant un stage de doublage qui lui permet de travailler sur les versions françaises de séries comme Weeds ou Fargo. Mais c’est surtout de son premier seul en scène qu’il est fier.
Retenu les lundis et mardis soir par la pièce Autour de ma pierre il ne fera pas nuit de Fabrice Melquiot, Fabian Ferrari présente alors les mercredis, dans un café-théâtre parisien, Si la matière grise était rose, personne n’aurait plus d’idées noires. C’est l’un de ses professeurs qui lui a conseillé de se faire les dents sur des textes d’auteur dont il se sent proche, avant de proposer, probablement en 2016, un spectacle qu’il a commencé à écrire lui-même et espère finaliser l’année prochaine. En attendant, le voilà qui amène en Suisse l’humour absurde de Jean Yanne, Francis Blanche et Pierre Dac. A l’heure du triomphe du stand-up à l’américaine, la proposition ne se refuse pas.
«Si la matière grise était rose, personne n’aurait plus d’idées noires». Espace culturel des Terreaux, Lausanne. Les samedis 15, 22 et 29 novembre à 20 h 30. www.fabianferrari.com