Rien n’est gratuit. Ni un journal, ni une entrée à un musée, ni un disque. Tout a un coût, et lorsque quelque chose n’est pas payant, c’est parce qu’il est offert par des mécènes, des annonceurs ou des pouvoirs publics. Le nouvel album de U2, qui a un beau matin débarqué sans crier gare dans les bibliothèques iTunes de millions d’utilisateurs, a ainsi été offert à la foule ébahie par Apple, les Irlandais assurant en même temps à la firme à la pomme une plus grande couverture médiatique au moment du lancement de sa montre connectée.
Imposer de la musique même à ceux qui n’en veulent pas, voilà du marketing pour le moins agressif. Quitte à inventer une nouvelle façon de distribuer un disque, Apple aurait pu s’associer à un jeune groupe. U2, dont un nouvel album était annoncé depuis longtemps mais sans date de sortie, n’avait pas besoin de cette campagne. A moins que cela soit la piètre qualité artistique de ce Songs of Innocence qui ait dicté ce choix? Tout en disant vouloir retrouver le son plus rock de ses débuts, la bande à Bono signe en effet un disque médiocre bien loin des brillants War et The Joshua Tree. Même le génial producteur Danger Mouse n’arrive pas à sauver ces onze titres sans âme, aux mélodies paresseuses et aux arrangements abominablement clinquants.
«Songs of Innocence». Island/Universal Music.
