Le 67e Festival du film de Locarno ne restera pas dans les mémoires. Avec une compétition internationale certes audacieuse mais pauvre en films véritablement forts et une programmation du soir, pour l’écran géant de la Piazza Grande, réunissant quelques productions indignes d’une manifestation cinéphile, la quinzaine tessinoise n’a pas totalement convaincu.
Le directeur artistique, Carlo Chatrian, qui dirigeait son deuxième festival, a la lourde tâche de devoir contenter des professionnels blasés sans décourager un public plus large, se rendant au Tessin pour prendre du bon temps et se faire accessoirement quelques toiles, tout en ayant l’obligation de programmer dans les sections compétitives des films en première mondiale. L’équilibre est difficile à réaliser, on en a eu la preuve. En remettant le Léopard d’or à un film philippin en noir et blanc de 5 h 38 et en tout point brillant (From What Is Before, de Lav Diaz), le jury aura pourtant permis à la cinéphilie de triompher. La mission du Festival de Locarno a toujours été de défendre des films exigeants et de jeunes cinéastes en devenir, de montrer des films invisibles dans les salles et, ainsi, de préserver sur les écrans helvétiques une nécessaire diversité. Lui reprocher de sélectionner en majorité des films ne sortant pas sur nos écrans, comme entendu, est dès lors une critique irrecevable.