Blog» Politique
Kenel de Requin
Horlogers: innovez, diversifiez ou vendez!
A titre de préambule, je tiens à préciser que, en qualité de petit-fils d’horloger, j’aime les montres et tous les métiers qui contribuent à les fabriquer.
Philippe Kenel
Cela dit, malgré l’augmentation croissante des ventes de montres suisses, je crois qu’il est temps de tirer la sonnette d’alarme et de comprendre qu’il ne sera pas possible de continuer encore longtemps ainsi. Trois constatations me font penser que nous sommes bientôt, voire déjà, au sommet et que la descente pourrait être plus rapide, voire plus brutale, que d’aucuns ne le pensent. Tout d’abord, même si ce phénomène ne concerne pas uniquement l’industrie horlogère, il existe un rapport de plus en plus éloigné entre la montre elle-même et son prix. (…) En second lieu, le poignet est une partie de notre corps qui va faire l’objet de plus en plus de convoitise. Je pense évidemment à toutes les fonctions liées à la haute technologie dont le support pourrait être notre cher avant-bras. (…) Enfin, l’industrie horlogère semble avoir admis comme précepte qu’une personne n’achète plus une montre pour avoir l’heure, vu que cette information figure sur tous les téléphones portables notamment, mais comme un bijou ou la marque d’une certaine réussite sociale. (…) Face à ces différentes évolutions, j’entends peu, voire pas, d’horlogers s’inquiéter. Au contraire, les entreprises horlogères s’organisent de plus en plus verticalement et se concentrent exclusivement sur leurs produits horlogers. Rares sont les marques qui essaient de se diversifier. Face à cette réalité, le monde horloger doit soit innover, soit se diversifier, soit vendre tant qu’il est encore temps…
Blog» Politique
La Suisse à 10 millions d’habitants
Ecopop: la xénophobie sans le dire
En cas d’acceptation, l’initiative Ecopop empêcherait nos concitoyens résidant à l’étranger de rentrer au pays.
Pierre Dessemontet
L’Organisation des Suisses de l’étranger a relevé que l’initiative Ecopop, qui cherche notamment à limiter la croissance de la population de la Suisse en plafonnant le solde migratoire à 0,2% par an, n’établissait aucune distinction entre Suisses et étrangers en la matière, ce dont on se convaincra aisément en lisant le texte de l’initiative. (…) Or l’article 24 de la Constitution stipule qu’un citoyen suisse a le droit d’entrer dans le pays, et l’article 25 qu’il ne peut en être expulsé. (…) Il existe donc une contradiction entre le droit constitutionnel fondamental du citoyen suisse de rentrer dans son pays et la volonté d’Ecopop de limiter le solde migratoire d’une manière qui s’appliquerait aux Suisses aussi bien qu’aux autres. (…) Comment a réagi Ecopop, prise une fois encore en flagrant délit d’incohérence de son texte avec la Constitution du pays, et accusée de vouloir restreindre les droits fondamentaux des Suisses de l’étranger?
En effectuant un magistral virage à 180 degrés: par la voix du directeur de son comité, Andreas Thommen, Ecopop qualifie ces craintes de «complètement infondées», faisant justement référence à l’article 24 de la Constitution, qui protège le droit au retour des Suisses, et faisant confiance au Conseil fédéral pour faire respecter ce droit. Et d’ajouter: «Le mieux, ce serait encore de déduire le nombre de Suisses qui rentrent des 0,2%, et de calculer le nombre d’étrangers qui pourront entrer en Suisse par rapport à ce qui reste.» Dont acte. Donc, quand Ecopop prétendait qu’elle n’introduisait aucune distinction dans son initiative entre Suisses et étrangers, c’était du pipeau: Ecopop n’a jamais eu l’intention d’empêcher les Suisses de rentrer chez eux – encore heureux, d’ailleurs! Ce qu’elle veut, c’est limiter l’immigration étrangère, point à la ligne. Ecopop ne veut pas le dire, mais elle associe la surpopulation au solde migratoire des étrangers, et d’eux seuls. La xénophobie, sans le dire. CQFD.
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Architextuel 64: année exotique?
La Confédération et le canton de Vaud célèbrent avec une retenue toute helvétique les 50 ans de l’exposition nationale suisse de 1964.
Philippe Meier
Je n’y étais pas. (…) Je questionne encore une fois ma mère pour avoir la confirmation de mon éventuelle présence lors de leur visite à Vidy. La réponse est claire: je n’y étais pas. Trop petit: en pension chez une vieille tante. Bambin ânonnant ses premières paroles intelligibles, je n’ai donc pas pu voir la carapace «jurassique» du pavillon de l’Armée (Jean Both architecte), ni les élégantes voiles colorées du secteur du Port (Marc-Joseph Saugey architecte), ni encore les pans inclinés translucides de la Voie suisse (Alberto Camenzind architecte). Une exposition nationale. Le monde entier se réfère à des concepts d’expositions universelles. La Suisse quant à elle a développé depuis 1883, dans une forme d’isolement et d’autonomie caractéristique, un principe d’exposition nationale tous les vingt-cinq ans, dont l’origine remonte aux grandes foires de l’artisanat et de l’industrie du début du XIXe siècle.
Expression du corpus fédéral, affirmation de la neutralité, cohésion patriotique – au seuil des deux guerres –, mise en valeur du savoir-faire ne sont que quelques-uns des thèmes qui y ont été abordés. Au cœur de cet univers économico-culturel, Expo 64, la cinquième de rang, voit donc le jour exactement vingt-cinq ans après la fameuse «Landi» de Zurich et dix-neuf ans seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle porte en elle tous les germes d’une société en plein essor, confiante dans le progrès et l’avenir. (…) Recelant dans ses caves à Ecublens des trésors iconographiques de l’époque, les Archives de la construction moderne (ACM) ont initié, en partenariat avec la Ville de Lausanne, une exposition dévoilant au public une partie de la mémoire dessinée et photographiée d’il y a cinquante ans. Conçue pour le plein air, elle a révélé pendant plusieurs semaines, sur des grands supports en toile tendue, des agrandissements de documents originaux. Paradoxe de notre temps, cette exposition sur un repère de notre histoire récente a dû être démontée avant son terme, taguée et détériorée qu’elle a été par des citoyens irrévérencieux dont l’attitude quelque peu immature est assurément le reflet d’une génération sans repères. (…)