Phénomène. Alors qu’il sera la grande vedette du Paléo le mercredi 23 juillet, le nouveau roi des Belges et d’ailleurs fait le buzz jusqu’aux USA, où ses premières prestations en font un successeur possible de Montand et de Piaf.
Plus de deux millions d’exemplaires de son album Racine carrée écoulés dans le monde. Des chiffres qui rappellent le bon vieux temps, ceux d’avant l’effondrement du marché du disque. Des concerts pleins partout, en Belgique comme en France ou en Suisse. En Suisse précisément, le triomphe de Stromae est de ceux qui explosent la frontière des langues: l’électro-ethno-dance du jeune homme passe très bien la Sarine. Quelque 8000 personnes ont déjà acheté leur billet pour venir l’applaudir au Hallenstadion de Zurich, le 5 décembre prochain.
En attendant, son programme estival passera par le Paléo, où Stromae est programmé le mercredi. Là aussi, c’est énorme et l’hystérie palpable; les billets se sont arrachés en quelques minutes ce printemps.
New York, New York
Stromae est aussi en passe de réussir une percée rarissime pour qui s’exprime en français: le monde anglo-saxon et l’Amérique. Il y a quelques semaines, une version de son «tubesque» Papaoutai, en duo avec la rappeuse Angel Haze, a fait le tour des radios britanniques. Surtout, au mois de juin, le chanteur s’est produit à New York, au Best Buy Theater, près de Times Square. Audience en majorité francophone dans cette salle de 2100 places.
Mais le Belge a tout de même suffisamment intrigué les Américains pour qu’il se retrouve invité au Late Night de Seth Meyers, sur la chaîne NBC: sa première télé américaine. Il a chanté, encore, Papaoutai et les paroles étaient même sous-titrées en anglais, manière de faire comprendre au public qu’on n’était pas dans la simple chansonnette. Enfin, Stromae, s’est retrouvé en cover du magazine Time Out, bible du divertissement new-yorkais.
Bon, ce n’est pas encore Michael Jackson, mais le buzz est en route. Il ne se déclenche pas non plus complètement par hasard (concert avec invitation aux médias qui comptent, cohérence artistique et visuelle rare pour un artiste européen, gros travail construit étape par étape, et évidemment un énorme talent). Prochain objectif en automne avec une courte série de concerts programmés en Amérique du Nord: deux à New York (au Terminal 5, une salle branchée du Bowery), puis Boston, San Francisco et Toronto.
Le succès possible de Stromae aux Etats-Unis procède aussi d’un historique. Maurice Chevalier, Edith Piaf, Yves Montand y ont été en d’autres temps des vedettes considérables, sans devoir passer à l’anglais. Mais depuis, plus grand-chose n’a marché là-bas dans la langue de Voltaire. Le son et la dance d’Europe (Daft Punk) ont dès lors, peut-être, préparé des oreilles et ouvert un nouveau chemin: celui d’une Amérique qui se mettrait à danser en français sur les mélancolies mondialisées du formidable Belge.