Samedi 3 juillet 7 heures, le Magellan a quitté le port du Havre. A son bord, deux yeux immenses. Un regard si grand qu’il ne peut être perçu que de loin. Sept kilomètres de papier, collés sur 160 conteneurs, assemblés à leur tour sur un navire de 363 mètres de long. Aucun doute, JR a signé sa plus grande œuvre.
Derrière ces initiales et ces lunettes noires se cache un artiste français d’origine tunisienne qui, depuis près de quinze ans, explore l’univers de l’art urbain, parcourt le monde à la rencontre de ceux qui s’expriment sur les murs et peuplent les rues, réalise des portraits. Et les expose, partout. Des ponts, en Afrique, au dôme du Panthéon, à Paris, en passant par des favelas brésiliennes et des maisons détruites du Cambodge. C’est dans le cadre de son projet Women Are Heroes que JR a immortalisé le regard d’Elizabeth Kamanga, habitante de Kibera, l’un des plus grands bidonvilles de l’Afrique de l’Est, au Kenya.
A bord du Magellan, cette image spectaculaire voguera au large des côtes normandes puis aux abords du canal de Suez, avant de rejoindre sa destination finale, la Malaisie. Une consécration pour celui qui rêvait d’un art qui voyage et «touche les gens qui ne vont jamais au musée».
