Fripes de luxe. A chaque capitale de la mode son poids lourd: Saint Laurent à Paris; Prada à Milan. Pour le printemps masculin 2015, tous deux revisitent les années 70. Hedi «Saint Laurent» Slimane a déterré la silhouette androgyne du jeune Mick Jagger. Bottes en serpent, jeans utlramoulants, ponchos ethnos et paletots en peau, on imagine Mick à Ibiza avec Kate Moss, anachronisme oblige. Sexe, drogue et rock’n’roll. Tout le contraire du «Prada boy». Resté chez papa-maman, ses chemises sont boutonnées au ras du cou, ses pulls en laine courts et serrés, ses jeans raides et ses manteaux d’été lui donnent des airs de Wes Anderson.
Branchitude ou liberté. Avec sa dégaine de rockeur, le mâle Saint Laurent ennuie aussi vite qu’il séduit. De Paris à New York, ce poète maudit est partout. Et donc nulle part. La surprise vient du garçon Prada. A son sombre manteau, ce faux premier de classe oppose des claquettes, bizarres mais élégantes. Et les surpiqûres sur les coutures de ses jeans apparaissent comme un fil d’ironie dans la brutalité de la toile. Cet homme-là a de l’humour. Il ne subit pas les uniformes de son époque. Il a le look de la liberté.