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Les origines saint-galloises de Krokmou le dragon

Jeudi, 26 Juin, 2014 - 05:58

Portrait. Responsable de l’animation des personnages sur la série «Dragons», Simon Otto travaille depuis 1997 pour les studios DreamWorks.

Demandez à un adulte de vous parler de son premier souvenir cinématographique, il vous citera invariablement ou presque une production Disney. Simon Otto ne fait pas exception à la règle. «J’ai grandi dans un petit village des montagnes saint-galloises et, une fois par année, ma mère nous emmenait à Zurich, mes frères et moi, se souvient le dessinateur de 41 ans. On faisait des courses, on visitait, mais le point culminant de ces petits voyages était un détour par le cinéma, toujours le même, qui projetait les films Disney. Je me souviens bien des Aristochats ou de La belle au bois dormant, qui m’ont beaucoup marqué. Je lisais également beaucoup de bandes dessinées, surtout Astérix et Tintin, et je dessinais tout le temps. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours rêvé de faire ce métier. Mais j’ai vite pris conscience que le parcours pour y parvenir était très compliqué.»

Les années passent et, alors que ses copains réalisent qu’ils ne seront jamais astronautes ou pilotes, Simon Otto continue de rêver, avant de se résoudre à effectuer un apprentissage dans une banque locale. Après trois jours, il comprend, ô surprise, que ce n’est pas son truc. Mais il s’oblige à aller au bout. Une fois son CFC en poche, il se cherche un emploi dans un milieu plus artistique, et se fait engager par une société spécialisée dans la sculpture sur glace. «Pendant une année, j’ai réalisé de nombreuses sculptures dans des endroits touristiques comme Arosa ou Saint-Moritz, ce qui m’a permis de rencontrer plein de gens actifs dans les milieux artistiques. On m’a alors encouragé à m’inscrire aux Beaux-Arts à Zurich, ce que j’ai fait.» Viendra ensuite un stage dans un studio d’animation lausannois, où son patron lui fournit une liste d’écoles d’animation. Le Saint-Gallois décide de s’inscrire à la prestigieuse école des Gobelins, à Paris. La sélection est rigoureuse, seuls 20 candidats sont reçus sur 900. Mais il fait partie des élus et le rêve devient peu à peu réalité.

Alors qu’il s’imagine travailler ensuite à Paris, voire en Belgique ou au Danemark, où les débouchés sont nombreux, Simon Otto reçoit une offre du département animation des studios DreamWorks. Fondée il y a tout juste vingt ans par Steven Spielberg, David Geffen et Jeffrey Katzenberg, un ancien de chez Disney, la société connaît la réputation des Gobelins et aime venir y faire son marché. Alors qu’il n’avait jamais imaginé partir pour Hollywood, l’Helvète signe son contrat avant sa dernière année d’études.

Bras droit du réalisateur

A la fin des années 90, il commence par travailler sur le personnage principal du Prince d’Egypte, avant de collaborer à La route d’Eldorado puis de superviser, au tout début des années 2000, pour Spirit, son propre personnage: un aigle. Dix ans plus tard, c’est la consécration. DreamWorks met en chantier un ambitieux long métrage 3D intitulé Dragons et le nomme «head of character animation», ce qui fait de lui le bras droit du réalisateur pour tout ce qui concerne les personnages. «Les réalisateurs ne sont pas forcément des animateurs. Ils viennent souvent de l’écriture ou du layout, explique-t-il. Mon travail consiste alors à développer visuellement les personnages. Dans un second temps, on se consacre, avec mon équipe, à la prévisualisation. On travaille plan par plan en étudiant les mouvements de caméra.»

Si, il y a quatre ans, Dragons avait convaincu tant par la qualité de son animation que par son humour et la bonne tenue de son scénario qui voyait un jeune Viking, Harold, apprivoiser un dragon qu’il baptisera Krokmou, le deuxième volet de cette franchise, déclinée depuis en série télé, est quant à lui traversé par un souffle épique qui en fait une réussite totale, à mille lieues de Rio 2, de ses personnages caricaturaux et de ses gags ineptes. Alors que le village de Harold vit en harmonie avec les dragons, son équilibre va être menacé par un Viking solitaire avide de pouvoir. Dans une séquence d’une stupéfiante beauté qui voit le jeune héros rencontrer, dans les airs, un mystérieux dresseur de dragons qui deviendra son allié, le film se permet même d’évoquer l’univers onirique de Hayao Miyazaki.

Entre panthère noire et faucon

Simon Otto a commencé sa carrière en travaillant sur des longs métrages en animation traditionnelle, le voici à la tête d’une gigantesque galerie de personnages en images de synthèse. L’outil a changé, mais les principes de base restent les mêmes, dit-il. Tout commence par des recherches graphiques, avant que les personnages soient modélisés puis animés par ordinateur. En ce qui concerne les nombreuses espèces de dragons qui peuplent l’univers du film, il s’est basé, pour les créer, sur des animaux bien réels. Krokmou est, par exemple, le croisement entre une panthère noire, une chauve-souris et un faucon. Et quid de la 3D? «Au début, on pensait que ça allait beaucoup nous influencer, et qu’on allait devoir animer les personnages avec des lunettes, rigole-t-il. C’est ce qu’on a commencé par faire mais, assez rapidement, on a compris que les règles ne sont pas très compliquées. La stéréoscopie nous permet par contre de souligner un peu plus les scènes d’action, de la même manière que la musique souligne les émotions.»

Voilà huit ans que le Saint-Gallois anime Harold, Krokmou et leurs compagnons, des «poupées numériques» avec lesquelles il peut interagir à l’aide d’un stylet, ce qui lui permet d’étudier différentes manières de les faire jouer, un peu comme s’il s’agissait de vrais comédiens. «Krokmou, c’est un peu mon Mickey Mouse, avoue-t-il. Je l’ai vu grandir et se transformer. Lorsque j’entends des enfants et même des adultes dire qu’ils sont tombés amoureux de lui, ça me touche énormément.» Les réactions sont d’ailleurs telles qu’un Dragons 3 est déjà en préproduction. Rendez-vous en 2016.

«Dragons 2». De Dean DeBlois. Etats-Unis, 1 h 42. Sortie le 2 juillet.

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2014 Twentieth Century Fox Film Corporation
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